Le Fidèle Rouslan

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Date de parution 12 janv. 2023 | Archivage 1 févr. 2023
Belfond | Belfond Vintage

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Résumé

En Sibérie, au début des années 1960. Chien de garde d’une redoutable efficacité, Rouslan voit son monde s’écrouler un matin : le camp de prisonniers vient de fermer, son maître lui donne congé. Que faire quand on n’a connu que le travail ? Quand toute sa vie on a répondu aux ordres ? Quand on ne sait rien faire d’autre que garder des prisonniers ?

À travers le portrait de Rouslan, Gueorgui Vladimov livrait un brûlot, description aussi fascinante que glaçante de l’enfer concentrationnaire mais aussi, au-delà, de l’atroce absurdité du système soviétique. Un livre interdit en URSS jusqu’à la perestroïka et qui sera publié clandestinement par un éditeur russe basé en Allemagne, puis en France en 1978, au Seuil (réédité aux éditions Belfond en 2014).


Né en 1931 à Kharkov,en Ukraine, Gueorgui Vladimov fait son entrée sur la scène littéraire avec Le Grand Filon (Gallimard, 1963). Au début des années 1960, il écrit ce qui deviendra son ouvrage le plus connu, Le Fidèle Rouslan. En 1995, il obtient le Booker Prize russe pour Le Général et son armée (éditions de l’Aube, 2008). En 1967, lors du congrès de l’Union des écrivains, Vladimov revendique publiquement la liberté artistique. Dix ans plus tard, il démissionne de la même Union et prend la direction de la section clandestine moscovite d’Amnesty International. Constamment surveillé, menacé d’arrestation, il émigre en 1983 en Allemagne de l’Ouest. Ami du dissident Andreï Sakharov, reconnu comme l’un des écrivains les plus courageux de sa génération, Gueorgui Vladimov s’est éteint à Francfort en 2003. Rapatrié à Moscou, il est inhumé au cimetière de Peredelkino.


Traduit du Russe par François Cornillot

En Sibérie, au début des années 1960. Chien de garde d’une redoutable efficacité, Rouslan voit son monde s’écrouler un matin : le camp de prisonniers vient de fermer, son maître lui donne congé. Que...


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« Le Fidèle Rouslan n’a rien perdu de sa force et de son efficacité. » Nils C. Ahl, Le Monde

« Le Fidèle Rouslan n’a rien perdu de sa force et de son efficacité. » Nils C. Ahl, Le Monde


Formats disponibles

FORMAT Grand Format
ISBN 9782714499226
PRIX 14,00 € (EUR)
PAGES 288

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Chroniques partagées sur la page du titre

Si en évoquant les camps de discipline et autres goulags, il y a bien un aspect auquel on ne pense pas forcément, c’est la présence d’une autre forme de gardiens, ces chiens qui accompagnaient leurs maîtres dans leurs tâches journalières : sélectionnés et élevés dans le but de suppléer leur maître respectif dans le gardiennage des prisonniers. Car si l’homme possède tout un éventail de moyens de dissuasion pour garder son prisonnier sous son joug, le chien possède ses propres qualités qui complètent bien ce tableau de bourreaux, À savoir un sens de la fidélité exceptionnel envers la personne qui lui sert de maître et un odorat développé, très utile lorsqu’il s’agit de débusquer les fuyards. Si l’on en croit l’article du Point de janvier 2013 qui fait état de différents témoignages, l’un d’eux de Sofia dénonce la cruauté de ces gardiens : « Ils nous repoussaient avec les chiens et les crosses de fusil lorsqu’on s’approchait de leur feu », ajoute Sofia. Les chiens ont été là, aux côtés des hommes, menaçants et agressifs et maltraitants, et prendre l’histoire sous le point de l’un de ces animaux, permet un autre point de vue sur les camps, le traitement des prisonniers.

S’il y a bien une chose qui caractérise Rouslan, c’est sa loyauté, inébranlable, à un maître qu’il vénère. À un point tel que non seulement, il ne met jamais aucune de ses décisions et ordre en question, mais il les devine, il les devance, il en est l’applicateur, la main agissante, zélée et sans faille : il ne fait pas bon de tomber dans les crocs du chien, qui n’éprouve aucune pitié. Au contraire, sa haine du zek et du prisonnier, il vit avec elle chaque jour, nourrie par celle de son maître, que l’on devine aussi impitoyable que sa bête, et empreint même d’un plaisir pervers à diriger, dominer et blesser. Par son insertion dans l’esprit du chien, doté d’une conscience à lui, Gueorgui Vladimov montre à quel point ces prisonniers étaient une catégorie de sous-hommes, sur lesquels même un animal avait le dessus. Une plongée encore une fois dans ces camps de Sibérie, une réflexion sous-jacente sur la sujetion du chien, à mi-chemin entre le prisonnier maltraité et le gardien maltraitant.

Une dépendance affective à leur maître, pas loin d’être ce syndrome du Stockholm qui fait que les prisonniers s’attachent à leur geôlier, que même ces geôliers s’attachent à une autorité abusive : chacun est frappé d’une sorte d’aliénation qui les empêche de s’échapper et de revenir à leur vie et ce n’est pas le Râpé, ancien prisonnier, qui rate consciencieusement deux de ses trains pour rentrer chez lui, qui va démontrer le contraire. Lorsque la prison n’a plus de barbelés pour la matérialiser physiquement, et a même été détruite, elle peut continuer psychologiquement à enclaver les esprits, annihiler les volontés, effacer les personnalités. Et la liberté devient indésirable, source de craintes, où les individus ne sont plus nommés, mais réduits à des surnoms de Maître, l’instructeur, le Râpé. Une liberté que l’auteur a chèrement gagnée au prix de son exil.

Si la fidélité peut apparaître comme une qualité chez le chien quant à sa relation avec l’homme, l’auteur démonte le processus d’aliénation de Rouslan, depuis les derniers jours du camp jusqu’au sein de sa mère, le moment où il a été sélectionné, par son caractère rétif par rapport à ses sœurs et frères, par l’instructeur qui aura la charge de le dresser et conditionner. S’il y a bien une chose à retenir, c’est de voir à quel point, hommes comme animaux sont formatés. Un lavage de cerveau qui les maintient dans un état de soumission devenu naturel. Ce n’est pas tant à l’homme, son maître, le gardien, que la fidélité du chien va, une fois la trahison digérée, c’est une allégeance à ce qui est appelé le Service, le système idéologique qui maintient l’oppression stalinienne, auquel personne n’ose se rebeller ou a minima remettre en question, chacun des dominants – gardien, surveillant – se contente de jouir de la petite forme de pouvoir, aussi infime soit elle, qui leur ai confié. Comment ne pas voir dans ce roman, de la part d’un écrivain qui s’est ouvertement érigé contre toute forme de censure, une manière de la détourner et de la désamorcer en employant le point de vue d’un canidé.

Les vies de Rouslan et du Râpé, chacun se croyant le maître de l’autre, se rejoignent tragiquement dans l’impossibilité de sortir de leur rôle, des environnements du camp, la volonté propre de l’un et de l’autre ayant été mises à mal par leur vie au camp. Et un constat, de la part du canidé, assez sombre et triste, quoique réaliste, sur la réalité de relations et de la nature humaine qui se révèle à la lumière, et surtout à l’ombre, du camps de travail et de ses structures de domination et d’emprise sur déportés et autre personnel plus faible que soi, de contrôle et de perversion, quelquefois, certains finissent par en jouir de la souffrance, une drogue qui appelle au manque insatiable, jusqu’à en éprouver Rouslan, la plus fidèle des bêtes au Service jusqu’à sa mort. Andrei Sinyavsky dans son article « People and Beasts » (1975) dit ironiquement que Rouslan est l’image d’un héros communiste idéal : son honnêteté, son dévouement, son héroïsme, sa discipline en font un véritable porteur du code moral du bâtisseur du communisme. En même temps, Vladimov montre comment ces qualités idéales sont perverties dans une société communiste. Selon Andreï Gavrilov , il s’agit « d’une image d’un système inhumain qui détruit chez l’animal ce que l’on voudrait humaniser. »

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La mort de Staline a entraîné des changements en Russie et notamment, à partir de 1953, la libération des goulags. De nombreux geôliers se retrouvent donc sans emploi, mais aussi les chiens de garde qui les accompagnaient. C’est à l’histoire de l’un de ces chiens, Rouslan, que Gueorgui Vladimov va s’attacher.

Une fois de plus, la collection Vintage des Editions Belfond permet de redécouvrir un incontournable de la littérature. Ce livre, écrit par un auteur dissident russe, n’a été publié dans son pays d’origine qu’en 1989 alors qu’il a été écrit en 1960 et publié en France en 1978. On ne peut qu’une nouvelle fois saluer le travail de réédition et la mise en lumière d’une œuvre qui mérite amplement sa place parmi les classiques de la littérature.

Cette histoire russe à hauteur de chien est absolument passionnante. Rouslan est un chien qui a été spécialement dressé pour servir de gardien et pour qui le monde se divise en maîtres et en prisonniers. Quand il se retrouve hors du camp, totalement livré à lui-même et désœuvré, il tente par tous les moyens de revenir à cette configuration en s’attachant aux pas d’un homme dont il se considère être le gardien.

Tout au long du récit, Gueorgui Vladimov revient sur les années staliniennes, sur les conditions de détention dans les goulags, sur la vie en Russie durant cette période à travers les yeux de Rouslan et son analyse canine des événements.

Rouslan a toujours été un chien dévoué, faisant parfaitement son travail. Il n’a évidemment pas de notion de bien et de mal, il ne porte pas de jugements sur ce qui a été fait dans les camps. Il se contente de faire le travail pour lequel il a été programmé et se retrouve terriblement démuni lorsque son monde s’effondre.

Gueorgui Vladimov pose ici un point de vue original, à la fois empreint de naïveté, car le monde des humains reste parfois très hermétique à Rouslan, et d’une grande justesse sur ce qu’ont vécu à la fois les prisonniers et les geôliers et sur l’époque qui a permis la mise en place d’un état totalitaire et l’emprisonnement de milliers de personnes pour des raisons parfois bien obscures.

Un livre, et un auteur, à vite mettre dans nos bibliothèques !

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