Bastia. Filumena, c’est une vieille dame que ses pieds font souffrir au-delà de tout, mais qui doit sortir de chez elle pour aller chercher des cigarettes et des mots croisés. Elle compte chacun de ses pas. De la cuisine au salon. De la chambre à la salle de bains. Est-ce même envisageable d’en faire encore un. Le bureau de tabac est situé à 300 mètres de l’entrée de son immeuble, entre le bar Antoine et la boulangerie Antoine, tout près de l’épicerie Antoine. C’est-à-dire au bout de l’enfer. Pendant cette progression lente et obligatoire, Filumena espère ne rencontrer personne. Elle a choisi son heure en attendant presque midi. L’heure où toutes ces dames sont affairées en cuisine, les courses dans le frigidaire et les couronnes bleues allumées sous les cocottes. En chemin, elle observe, elle s’agace, s’impatiente, souffre et se souvient.

Joël Bastard convie son lecteur à une odyssée de 300 mètres. Une voix, un ton, un sens de la formule, de l’euphémisme. Une époque passée au crible d’une vie minuscule.

Joël Bastard est né en 1955 à Versailles. Après avoir occupé divers métiers tels que facteur ou peintre en bâtiment, il se tourne vers l’écriture à partir de l’an 2000. Poète, romancier et auteur dramatique, il conçoit également de nombreux livres en collaboration avec Patrick Devreux, Charlélie Couture, Joël Leick, Evelyn Gerbaud, Tony Soulié… ou les musiciens Erik Truffaz, Malcolm Braff, Marcos Jimenez.

Beule, Se dessine déjà, Le Sentiment du lièvre, Casaluna, Manière et Des lézards, des liqueurs paraissent chez Gallimard (2000, 2002, 2005, 2007, 2009, 2018).

Les Couvertures contemporaines, suivi de Le Principe souterrain, recueils de poèmes, à paraître le 4 avril 2024 aux éditions Gallimard.

Filumena est son premier roman.

La Clameur des lucioles (photographies de Charlélie Couture, Editions Virgile, 2013) a été mis en scène et en musique, avec la comédienne Sandrine Bonnaire et le trompettiste Erik Truffaz.