Sainte-Croix les Vaches

« Sainte Croix les Vaches » est une satire débridée et désopilante qui a pour cadre un village quasiment abandonné en plein Massif Central ( l'action se situe dans « Les Causses » mais on y reconnaît les paysages lunaires de l'Aubrac et ses vieux burons). On n'est pas ici dans la demi-mesure, ni dans la nuance, non, c'est même tout le contraire : du polar rural sur le mode grosse comédie avec des grosses ficelles (style « les Tontons Flingueurs ») et derrière tout cela la patte de Vincent Ravalec, écrivain et cinéaste prolifique, qu'on ne présente plus.

Les faits se déroulent de nos jours, avec des héros truculents tels le personnage de Thomas, le maire du village, à la fois agriculteur et fournisseur de cannabis pour la mafia marseillaise, ou celui de Sheila, une jeune Parisienne bobo fraîchement élue députée au sein du mouvement « En Avant », et qui avait des origines familiales dans le village ! C'est loufoque, grotesque, insensé, caricatural à l'extrême, mais ça marche.

Thomas est le héros principal de ce roman. Maire de son village, il a noué de fructueuses relations dans le milieu lyonnais et marseillais, puis a bénéficié d' un énorme cadeau de la « Providence », sous la forme d'un camion plein de billets de banque, abandonné dans la montagne et dont il est parvenu à s'emparer. Un jour, deux jeunes femmes ont débarqué à Sainte Croix les Vaches : Sheila, la jeune députée du mouvement « En Avant », et son attachée parlementaire Jeanne, qui se sont mises à imaginer un documentaire sur ce village du bout du monde, selon elles modèle de la « permaculture » et lieu de résistance contre l'invasion industrielle symbolisée ici par un groupe laitier qui veut construire une route dans la région. Ce qui dénaturerait le site, et ferait fuir les derniers habitants. Alors Thomas a lancé l'idée de créer une réserve de loups devant le conseil municipal. Mais les choses ne vont pas en rester là.

Un bon moment de lecture pour les mauvais jours d'hiver, à la campagne comme à la ville...

Oyez, oyez braves gens la geste du Seigneur des Causses. Enfant de Sainte-Croix, Thomas Sorlut a connu l’exil à Lyon où ses études lui ont permis de devenir agronome. Revenu au pays, il devient maire du village qu’il administre avec sa garde rapprochée calquée sur une cour arthurienne un brin déjantée. Les moyens employés pour assurer la prospérité relative de la bourgade sont peux orthodoxes, trafic de faux papiers, commerce de cannabis « bio », extorsions diverses…pourtant le sympathique village jouit bon an mal an d’une tranquillité appréciable, appliquant du mieux qu’il le peut l’adage épicurien « pour vivre heureux, vivons cachés ». Pourtant une multinationale menace de perturber la quiétude de Sainte-Croix en projetant de construire une route destinée à désenclaver la vallée. Thomas se doit de réagir pour protéger son Royaume et la venue d’une jolie députée du mouvement En Avant pourrait bien lui en donner l’occasion. Les choses seraient simples si la fausse ingénue ne voyait dans la défense du domaine du maire un moyen de briller en politique. Dans cette saga rurale à pleurer de rire, il est difficile de savoir qui manipule qui ; ce qui est certain, c’est qu’avec ce roman satirique, Vincent Ravalec nous offre un moment de bonheur rare et nous donne envie de quitter la ville pour rechercher ces petits villages où règnent une douce folie.