La Fabrique des salauds

(rentrée littéraire 2019)

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Date de parution 22 août 2019 | Archivage 9 oct. 2019
Belfond | Littérature étrangère

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Résumé

« Une poignée de douleur et de chagrin suffit pour trahir, et une seule étoile scintillant dans la nuit pour qu’un peu de lumière brille par intermittence dans toute cette horreur. »

Un roman hors normes, une fresque exubérante et tragique, pleine de passion, de sang et de larmes, qui retrace tout un pan du XXe siècle, de Riga à Tel Aviv en passant par Auschwitz et Paris.

À travers l’histoire de Koja, Hubert et Ev Solm, deux frères et leur sœur, sorte de ménage à trois électrique, Chris Kraus nous entraîne dans des zones d’ombre où morale et droiture sont violemment bafouées, et dresse en creux le portrait d’une Europe à l’agonie, soumise à de nouvelles règles du jeu.

Une œuvre impressionnante, magnum opus sur le déclin d’une époque et la naissance d’une nouvelle ère.


Chris Kraus est né en 1963 à Göttingen, en Allemagne, et vit aujourd’hui à Berlin. Réalisateur, scénariste, écrivain, il a notamment étudié à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin. Il est l’auteur de plusieurs œuvres cinématographiques qui lui ont valu de nombreux prix. Son long-métrage Quatre minutes (2006) a obtenu un grand succès critique et commercial en France, et a été adapté au théâtre. Outre des fictions, Chris Kraus a également coréalisé un documentaire sur l’écrivain et réalisateur Rosa von Praunheim, Rosakinder (2012). Chris Kraus est par ailleurs l’auteur de quatre romans. La Fabrique des salauds est son troisième ouvrage, paru en Allemagne en 2017, le premier à paraître en France.


« Chris Kraus nous entraîne dans de bien sombres décennies et narre son histoire avec une telle éloquence qu’on a le sentiment de lire un roman somme au cœur duquel la moindre phrase serait une œuvre d’art. » Neon

« Avec La Fabrique des salauds, Chris Kraus dépeint avec brio l’Allemagne sur un siècle. Un récit aussi novateur que convaincant. » NZZ am Sonntag

« On pourrait affirmer qu’il n’y a rien de plus crédible que le réel. C’est sans compter l’extraordinaire fiction que Chris Kraus tisse à partir de ce matériau. » Focus

« Une superbe intrigue portée par une langue magnifique. » SWR3 Stuttgart

« Une poignée de douleur et de chagrin suffit pour trahir, et une seule étoile scintillant dans la nuit pour qu’un peu de lumière brille par intermittence dans toute cette horreur. »

Un roman hors...


Note de l'éditeur

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019


Formats disponibles

FORMAT Grand Format
ISBN 9782714478528
PRIX 24,90 € (EUR)

Chroniques partagées sur la page du titre

L’histoire de Koja et Hubert, deux frères d’origine allemande qui grandissent à Riga dans les années 20, et de leur sœur adoptive Ev (qui cache des origines juives dont elle-même n’a pas conscience). Dans les années 30, les deux frères, tous les deux amoureux de leur sœur, deviennent nazis, l’un par conviction, l’autre par lâcheté. Si Hubert est doué pour gravir les échelons, Koja lui ,dévoile d’excellente disposition pour le métier d’espion, dispositions qui lui serviront aussi bien pendant la guerre, qu’après.
L'auteur a un style fluide qui facilité la lecture d'un texte parfois dense (et qui comporte quelques longueurs, mais finalement assez peu pour un livre aussi épais). On se laisse facilement emporter dans cette grande fresque qui nous entraîne de l’Allemagne à Israël en passant par l’URSS. Et si on ne s’attache pas aux personnages principaux, particulièrement antipathiques, il reste néanmoins la satisfaction de les voir payer à un moment ou à un autre le prix de leur ignominie, bassesse ou aveuglement.

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ENFANTS DE SALAUDS de KRIS KRAUSS éditions Belfond

Dans un hôpital bavarois deux patients partagent leur chambre aux soins intensifs. Le plus jeune est
un hippie adepte de la philosophie bouddhiste qui ne comprend pourquoi le vieil homme « gentil »
dans le lit d’à coté à une balle dans le crane ?
Pour répondre à cette question le vieillard décide de lui raconter sa vie …
Qui est il vraiment ?
Ce premier roman traduit de cet auteur allemand est colossal tant par la taille (près de 900 pages)
que par le contenu qui nous retrace le parcours plutôt chaotique de deux frères Hubert et Koja et de leur sœur adoptive Ev que l’on va suivre tout au long du XXe siècle de Riga en passant par l’Allemagne hitlérienne puis Paris et enfin Israël …
Si comme moi vous aimez les fresques romanesques et historiques alors n’hésitez pas ce livre
est monumental !!!

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880 pages, c'est bien ce qu'il fallait pour dérouler cette fresque hors du commun que nous offre Chris Kraus.

Tour à tour saga historique, roman politique, réflexion philosophique, "La fabrique des salauds" nous plonge avec un regard neuf dans la période d'après Seconde Guerre mondiale, où nous assistons à l'émergence d'un nouveau monde déjà corrompu et cynique.
Nous traversons le 20è siècle à travers les yeux d'une fratrie pas comme les autres, les Solm. Deux frères rivaux, Koja et Hub, se battent pour l'amour de leur soeur adoptive Ev, dans un ménage à trois ambivalent et ravageur.
C'est de la voix de Koja, alité sur un lit d'hôpital suite à une blessure à la tête, que nous découvrons leur vie, de leur tendre jeunesse à leur âge mûr, vie bouleversée par l'Histoire et les choix qu'ils feront.Car comme le titre l'induit, s'ouvre dans cet ouvrage une grande réflexion sur ce qu'est la morale, le Bien, le Mal, et sur les limites que l'on se pose, ou pas, pour assouvir son dessein personnel.

Justement comparé aux "Bienveillantes" de Jonathan Littel, et à "Cent ans de solitude" de Gabriel García Márquez, c'est un roman à découvrir absolument.

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Après avoir tant lu de romans en contexte du nazisme, je ne m'attendais pas à prendre « plaisir » à la lecture d'un nouvel épisode littéraire concernant la période.

Il faut être sacrement culotté pour accoucher d'un pareil pavé en tragi-comédie, suivant tambour battant l'ascension de deux frères germano-baltes de Riga (Lettonie), et du triangle amoureux avec leur improbable demi-soeur. le livre s'apparente à un monologue en confession d'un vieil homme malade, pas vraiment repentant et souvent ironique.

Accompagnant les turbulences politiques de l'Europe Centrale, la famille Solms va se retrouver embringuée dans la violence de l'Allemagne du 20e siècle et l'histoire politique de la République fédérale.
Impossible pour Hunsi, Koja et Evi d'échapper au national-socialisme, au communisme, à l'émergence d'un état israélien et aux manipulations internationales en périphérie. Sur plusieurs décennies ils seront SS, puis espions pour le BND, le KGB, la CIA et le Mossad, double ou triple agent de renseignements pour sauver leur peau ou chasser les vieux nazis.
La fratrie décompose une palette de personnalités entre jugements moraux à la carte, loyauté assumée à ses propres choix, opportunisme manipulateur. Un combat serré entre le bien et le mal dont il est difficile d'extirper des moments d'humanité.

Rien n'est épargné au lecteur, mais là où Les bienveillantes de Jonathan Littell nous faisait monter la nausée, le roman est aussi extravagant que parfaitement documenté. On peut sans doute y voir une certaine complaisance et justification d'une génération et se révulser face à une morale à la carte. C'est aussi un surprenant récit sur la trahison et le désir.

Ma lecture s'est accompagnée d'une fascination pour la forme littéraire lyrique, nerveuse, débridée, décomplexée, et pour la belle puissance narrative avec des personnages sur le fil, anti héros à la fois décalés et représentatifs d'une époque.
Un livre fort surprenant et dérangeant mais qui arrive à être séduisant et divertissant.

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Incroyable roman qu'on dévore sans pause. Drôle jusqu'à la nausée, fascinant jusqu'à l'écoeurement, d'une intelligence diabolique. C'est un grand livre !

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Un très grand merci aux éditions Belfond et à Netgalley pour cette découverte.

Annoncé comme un des roman principaux de cette rentrée littéraire, "La fabrique des salauds" se pose en fresque monumentale qui pourrait bien devenir une machine à prix.

On découvre à travers l'histoire d'une fratrie , l'histoire avec un grand H . Celle de l'Europe au coeur du vingtieme siècle. Car Koja , Hubert et Ev, leur soeur adoptive, vont être tour à tour témoin, et acteur d'une époque dominée par la guerre , la peur, et la haine. Et ces personnages très controversés qui n'hésitent pas à changer de bords, dans le but de sauver leurs peaux sont tout simplement incroyables.

Car malgré l'horreur et l'indicible de leurs actes , on arrive à les comprendre parfois, et même à les trouver attachants. Entre nazisme, CIA et Mossad, rien n'est épargné au cours de ce voyage dans le temps parfaitement documenté. Entre amour, trahison, et vengeance , ce roman qui mêle aventure et espionnage est incroyable.

Le style est ciselé, direct et sans concession, aucun détail n'est épargné . On sent derrière la plume de l'auteur, un travail d'historien impressionnant et un souhait de rendre justice, de lever le voile sur L'Allemagne du 20éme siècle.

Raconté par Koja en fin de vie, sous la forme d'un feuilleton dont on attend avec impatience le prochain épisode, ce roman ne peut pas laisser indifférent. Alors certes il est souvent comparé au clivant "Les Bienveillantes" que j'avais pour ma part aimé , mais sa couverture de l'Histoire plus large et plus étendue, le transforme en fresque d'époque, en récit de témoins. Même si les personnages principaux sont romancés, ils se déplacent dans des lieux bien réels, et rencontrent des personnalités bien réelles elles aussi. J'ai d'ailleurs adoré partager une conversation avec un certain Tolkien...

Alors si en cette rentrée littéraire vous souhaitez vous plonger dans l'Histoire , ouvrez-vite "La fabrique des Salauds", vous ne le regretterez pas.

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Koja, Hub et Ev. Deux frères qui accueillent sans le savoir une petite orpheline juive dans leur fratrie. Plus tard, bien plus tard, ils l'épouseront chacune à leur tour, leur amour pour elle, nourrissant les ressorts dramatiques de l'immense roman qu'est La fabrique des salauds de Chris Kraus. Immense par la taille – 900 pages – mais surtout par le propos, 50 d'histoire – de 1920 à 1970 – d'une famille allemande de Lettonie et de l'Allemagne.

Comment devient-on un nazi, puis le plus sombre des salauds, quand on est comme Koja peintre, amateur d'art et très paresseux? Par opportunisme d'abord, puisque la SS paie bien et que la famille n'a plus aucun revenu. Les deux frères s'engagent, Hub plus convaincu que Koja et s'efforçant tout au long de la guerre de protéger son jeune frère. Koja devient espion au service des SS, et dans un tour de passe-passe continue de l'être pour l'Allemagne fédérale, la Russie et même le Mossad. Le tendre jeune homme devenant un monstre froid qui ne recule devant aucune traîtrise même quand elles touchent les êtres qui lui sont le plus proches.

Plus que la partie de la guerre elle-même qui a déjà été maintes fois racontée, c'est la reconstruction de l'Allemagne après la guerre que j'ai trouvée la plus intéressante, les anciens nazis se retrouvant dans tous les rouages du pouvoir.
Le roman est passionnant et addictif. Une fois commencée la lecture du long monologue que Koja vieux et blessé, adresse à son voisin de chambre d'hôpital, un hippie très vite horrifié, impossible d'arrêter sa lecture.

Verdict: c'est magistral, tout simplement. Un tout grand roman qui marquera la rentrée littéraire 2019 de son empreinte, comme il m'a profondément marquée, moi.

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond.

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Je referme « La fabrique des salauds » bouleversée par une lecture riche, poignante et bouleversante.
Ce roman, fiction reposant sur des faits réels de l’Histoire mondiale, retrace soixante dix ans de conflits, de politique, qui font de l’Europe ce qu’elle est aujourd’hui et bien au-delà de ses frontières.
Au travers de la vie de Koja et de son frère Hub, Allemands nés au début du siècle dernier, vous allez traverser l’Allemagne Nazie, vivre en pleine Guerre Froide, naviguer entre le KGB, la CIA et le Mossad. Deux frères, deux hommes différents, souvent opposés, avec un point commun, leur amour pour Ev. Ce triangle amoureux porte le roman en renouvelant l’intérêt pour cette tension particulière de l’histoire.
#Lafabriquedessalauds #netgalley

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« La fabrique des salauds » est le tout premier roman paru en France, aux éditions Belfond, d’un auteur allemand dont vous allez entendre parler : Chris Kraus. Une fresque monumentale d’une acuité saisissante, un tourbillon romanesque, une tragédie grecque à l’échelle d’un continent meurtri par la déflagration que fût l’irruption du nazisme et de ses velléités hégémoniques destructrices qui aboutirent au second conflit mondial. La plume de Chris Kraus est ciselée, délicate, sensible, non dénué d’un humour qui fait du bien car il s’agit ici de plonger dans les méandres de la folie, de la colère, de la trahison, un monde où les ténèbres obscurcissent l’horizon d’une humanité à l’agonie. Ce roman dantesque, à tout point de vue, est une réussite totale et le fruit d’un travail prodigieux sur la montée du nazisme, ses crimes, les complicités, les lâchetés, petites et grandes, qui ont pu entraîner ces hommes et femmes dans un immense brasier. Début des années 1970, dans la chambre d’un hôpital allemand, Koja est l’homme de toutes les compromissions, de tous les rouages de la machinerie des services secrets. De la SS en passant par le KGB, la CIA et même le Mossad, notre homme sera telle une anguille capable de se faufiler dans les moindres interstices pour suivre son instinct premier et grégaire : survivre à tout prix. Ce vieil homme avec une balle logée dans la tête qui ne l’a, ô miracle, pas fait succomber, se décide enfin à se confier pour dire ce qu’il n’a jamais pu raconter jusque là. C’est à un vieil hippie qui est dans le lit d’à côté qu’il va vouer ces quelques jours à libérer sa conscience de tous les méfaits qu’il a commis au nom d’une propension à changer les règles selon les préceptes politiques, idéologiques du moment. Oui, Koja est un salaud mais c’est surtout un homme qui s’est perdu, d’identités factices en mensonges éhontés, il traverse ce XXème siècle, lieu de toutes les confrontations. De Riga, en Lituanie au début du XXème siècle, en passant par les années de montée du nazisme dans les années 1920-1930, le second conflit mondial, la Shoah, la reconfiguration des rapports de force après 1945 dans un monde devenu bi-polaire entre l’Ouest pro Américain et l’Est soumis au communisme et à l’URSS, la fondation de l’État d’Israël, la traque des criminels de guerre nazis mêlée des compromissions de l’État fédéral allemand avec ces derniers.. c’est tout ce magma d’évènements écrasant les individus sous leurs poids, dont Koja fût le témoin. On suit son destin et celui de son frère Hub et de sa sœur Ev dans ce roman foisonnant et passionnant, véritable réflexion sur « la banalité du mal » chère à Hannah Arendt, les compromissions de ceux qui, à chaque échelon, du plus infime au plus élevé, ont permis ces crimes contre l’humanité durant la guerre 1939-1945. C’est aussi un roman sur la fin d’un monde et l’irruption d’un autre non moins inquiétant. On ne peut s’empêcher de songer à Jonathan Littell en lisant ce roman crépusculaire, envoûtant, magnétique. Si vous aimez les romans historiques, d’espionnages, les fresques familiales, le tout servi par un style d’écriture plein de souffle et d’une puissance d’évocation rare, alors « La Fabrique des salauds » devrait vous emportez. C’est, à mon sens, un des romans majeurs de cette rentrée littéraire.

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Comment résumer ce livre sans en dévoiler la teneur !
L'histoire nous apprend que l'homme peut être un loup pour l'homme mais qu'il n'en tire aucune leçon. Lire ce roman et surtout en aimer sa lecture ne va pas de soi : La Fabrique des salauds porte bien son nom je vous l'assure et encore salauds n'est pas le mot juste...

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Je suis désolée, je n'ai pas du tt accroché avec ce livre, l'écriture (ou la traduction?) M'a paru bâclée. Peut-être simplement pas un livre pour moi...

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Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Avant de m’attaquer au fond de l’histoire, et quel fond puisqu’il s’agit de ni plus ni moins de 70 ans d’Histoire au cours desquels l’Europe et le monde ont connu de profonds bouleversements ; je souhaiterai dire quelques mots sur la forme.

Ce bouquin est tout simplement divinement écrit, pour son premier roman traduit en français Chris Kraus signe une oeuvre audacieuse (pas loin de 900 pages) qu’il maîtrise de bout en bout, sa plume est un régal pour les yeux (il parvient même parfois à sublimer l’horreur et le tragique de certaines situations, ou, à contrario à les restituer froidement). De fait je ne peux que m’incliner devant le formidable travail de la traductrice, Rose Labourie, qui su retranscrire toutes ces émotions et toute la magie des mots à l’attention des lecteurs français.

Il m’aura fallu pas loin de trois semaines pour venir à bout de ces 900 pages, délai qui n’est pas à imputer à la qualité du récit mais bel et bien à un emploi du temps professionnel surchargé qui faisait qu’en rentrant du taf je n’avais envie de penser à rien. Or ce roman n’est pas vraiment une lecture vide tête, loin s’en faut ! Les neurones turbinent à fond au fil des pages…

Il est facile de juger rétrospectivement, confortablement vautré dans son canapé ; mais qui peut en toute sincérité affirmer qu’en son âme et conscience, dans les mêmes conditions, il n’aurait pas fait les mêmes choix que Koja, ou Hub Solm ? Pour ma part je préfère me réfléchir aux paroles de Jean-Jacques Goldman plutôt que de dispenser des leçons de morale à deux balles :

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt / Sur les ruines d’un champ de bataille / Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens / Si j’avais été allemand ?

N’allez surtout pas croire que je cherche à excuser, ni même à minimiser les horreurs du régime nazi. Une telle abomination est et restera à jamais inexcusable, mais l’esprit humain est une mécanique complexe qui peut nous pousser à faire passer l’instinct de survie avant le sens moral.

La Fabrique Des Salauds n’est pas un énième roman sur la seconde guerre mondiale, même si le conflit reste le fil rouge de l’intrigue, c’est plutôt les années d’après-guerre qui donne corps au récit et à l’histoire que nous narre Koja Solm. Avec en point de mire la surprenante facilité avec laquelle l’Allemagne d’après-guerre a su recycler nombre de ses anciens dignitaires nazis.

Un narrateur au parcours peu commun puisqu’après son enrôlement au sein de la SS il visitera les geôles des services secrets russes avant d’être « retourné » par le KGB, puis mettra son savoir au service du BND (les services secrets allemands), de la CIA et du Mossad. Parfois même en revêtant une double, voire une triple, casquette avec souvent des intérêts totalement contradictoires (les uns veulent protéger les anciens nazis alors que les autres cherchent à les démasquer et à les traduire en justice).

Koja Solm lui même se retrouvera plus d’une fois le cul entre deux chaises, d’un côté il doit se protéger et cacher (ou minimiser) ses anciennes fonctions dans la SS, de l’autre répondre aux attentes de ses employeurs et enfin se venger de son frère en le faisant tomber sans que celui-ci ne l’entraîne dans sa chute.

Une lecture éprouvante moralement et nerveusement (ce qui explique aussi le temps mis pour achever le roman), au-delà des actes eux-mêmes c’est le ton du narrateur qui est dérangeant. Il relate les faits avec froideur et en cherchant toujours à mettre une certaine distance entre l’acte et sa propre responsabilité. Au lieu d’éprouver des remords, il va plutôt chercher à se faire passer pour une victime. Ce déni permanent et cette lâcheté m’ont dérangé plus d’une fois ; difficile, pour ne pas dire impossible, dans ces conditions d’éprouver un semblant d’empathie pour le personnage de Koja Solm. Et pourtant parfois on aurait presque envie de le croire !

Chris Kraus mêle adroitement Histoire et fiction, n’hésitant pas à faire intervenir dans son intrigue des personnages ayant réellement existés. Difficile de deviner où s’arrête la réalité historique et où commence l’imaginaire de l’auteur ; d’autant qu’il nous prévient dans son avant-propos, les événements les plus incroyables (ou les plus improbables) ne sont forcément fictifs.

Un bouquin qui vous prend aux tripes, à savourer lentement pour apprécier pleinement tout son potentiel. Clairement pas une lecture qui vous redonnera foi au genre humain !

L’auteur a récemment déclaré qu’il trouvait le titre français de son roman très bien trouvé pour son côté cash avec un brin de provocation ; le titre original Das Kalt Bulte pouvant en effet se traduire par Le Sang Froid, certes adapté mais nettement plus sage que La Fabrique Des Salauds.

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Quelle merveille !
J'ai été entraînée dès les premières pages, comme "Le hippie" je voulais tout savoir de la vie de de monsieur avec une balle dans la tête, avec un frère à qui il manque une main, et surtout : comment un membre de la Gestapo a pu travailler pour les Américains ?
A travers une merveilleuse écriture, on nous dépeint le XXe siècle, en suivant le parcours tumultueux de Koja. Un livre historique poignant, glaçant par moment, mais dont on n'arrive pas à décrocher !
Plus qu'une merveille, une pépite ! Un coup de coeur pour cette année 2019.

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1974, Allemagne de l'Ouest.

Nous sommes dans une chambre d’hôpital que se partagent Konstantin Solm, dit Koja, un vieil homme qui a une balle nichée dans la tête et Basti, un hippie d'une trentaine d'années. Koja raconte au jeune homme comment il en est arrivé à se retrouver là et lui livre ainsi ses plus sombres secrets. Le hippie ne fait qu'écouter et, comme le lecteur, va passer par toutes les émotions possibles.

Koja est né en 1909 à Riga en Lettonie, il admirait plus que tout son frère aîné Hug qui l’a entraîné dans le national socialisme. Hug l'a poussé à intégrer le SD, service de sécurité fondé par Himmler. Autant Hug est un être fanatique, autant Koja, peintre et amateur d'art, est un personnage ambiguë, opportuniste et cynique éternellement dominé par son aîné. Leurs parents ont adopté Ev alors qu'elle avait huit ans, Ev va se révéler être d'origine juive, les deux frères vont tomber amoureux d'elle, formant ainsi un trio amoureux assez audacieux.

Chris Kraus fait partie des allemands qui cherchent à comprendre comment certains de leurs compatriotes se sont transformés en bourreaux qui ne se sont jamais vraiment repentis. Inspiré de l'histoire d'un SS et de celle du grand-père de l'auteur, ce roman retrace l'histoire de l'Allemagne avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, de 1905 à 1974, à travers le destin de la famille Solm. C'est à la fois une fresque historique et une saga familiale.
L'auteur raconte l'évolution d'un criminel dont la vie a été marquée par son histoire familiale et par une histoire d'amour hors normes en mêlant au récit de multiples personnages historiques réels. Le roman est construit sous la forme d'une confession, un ancien SS qui représente le mal absolu se raconte à un hippie qui représente le bien, le fait que ce soit Koja lui-même qui retrace son parcours donne un relief particulier à ses propos. Nous sommes plongés au cœur des services secrets pendant la guerre mais également après la guerre car beaucoup d'anciens nazis sont devenus agents des services secrets du BND, service fédéral de renseignement, jusque dans les années 60 ou agents secrets au sein de services de renseignements étrangers, la CIA, le KGB, le Mossad et certains sont même devenus des agents double... Environ la moitié du roman porte sur cette période de l'après-guerre nous révélant des faits historiques méconnus, j'ai trouvé cette partie particulièrement intéressante notamment la toute dernière partie qui se déroule en Israël.
Voilà un récit vertigineux, très documenté, très dur et sombre qui flirte allègrement avec l’immoralité sur un ton décalé. Une lecture exigeante par son sujet, sa densité mais qui se lit très facilement car le style est fluide, parsemé de nombreux dialogues et teinté d'une certaine légèreté et ironie qui permettent de supporter les passages à la limite du tolérable. Quelques inévitables petites longueurs n'ont pas entamé mon intérêt pour cette histoire. Ce roman ne peut que déranger car on se surprend à certains moments à éprouver de l'empathie pour Koja alors qu'il ne manifeste jamais aucun remords, qu'il reste exempt de toute culpabilité, c'est un personnage plein de contradictions, à la fois victime et bourreau. Un roman qui pose la question cruciale du choix et soulève une multitude de questions, est-ce que la faim et ensuite l'amour d'une femme peuvent tout justifier?... mais qui surtout brosse un tableau sans complaisance de l'Allemagne de l'après-guerre, une Allemagne bien loin du repentir...
Une lecture qui reste globalement éprouvante, un immense roman hors normes qui va me hanter longtemps.

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L’histoire commence dans un hôpital : deux hommes partagent la même chambre, l’un atteint de fracture du crâne, avec en permanence une « soupape » pour drainer le liquide céphalorachidien pour éviter hypertension intracrânienne, hippie tout en cheveux, et l’autre, Koja, guère mieux loti car il a une balle dans le crâne impossible à extraire. Koja va raconter sa vie et celle de sa famille : épopée qui commence en 1905 pour s’achever autour de 1974.

On découvre ainsi la famille Solm, originaire de Riga. Lors des soulèvements de 1905, les bolchéviks s’en prennent à Großpaping le grand-père paternel, qui défend son église et périra noyé, assassiné par eux. Il a un fils artiste peintre qui a épousé la baronne won Schilling, qui a côtoyé le Tsar Nicolas II, au caractère bien trempé. Par opposition, le grand-père maternel est appelé Opapabaron.

De cette union naît Hubert, alias, Hub ou Hubsi pour les intimes, favorisé dès le départ : il est né le jour de l’assassinat de Großpaping donc béni des Dieux, surtout de sa mère. Ensuite vient Konstantin alias Koja auquel on fait comprendre que son aîné lui est nettement supérieur.

Enfin, Eva alias Ev’ une petite fille fait son entrée, dans la famille Solm. Ses parents sont morts pendant les premières émeutes ou échauffourées de Riga. Elle est confiée, via la nounou, à la famille Solm qui finira par l’adopter sans savoir (pas sûr) qu’elle est juive.

Le décor est planté pour la famille que l’on va suivre de Riga, ville où alterne les règnes passagers des populistes de tout bord. De persécutant on devient persécuté et le cycle recommence.

Hub est séduit par le nazisme, travaille en sous-main pour développer des services secrets pro-allemands. Fasciné par Heydrich, il grimpe les échelons pour arriver tout en haut de la hiérarchie (je ne vais pas vous infliger tous les grades allemands aux noms plus imprononçables les uns que les autres !). Koja traîne des pieds mais suit, sinon son frère n’hésitera pas à la trucider.

Koja qui est un artiste comme son père, est arrivé premier au concours des Beaux-arts, mais n’ayant pas la bonne nationalité, il sera rejeté et se tournera vers l’architecture, tout en continuant à peindre. Il va raconter au disciple de Gandhi toute l’horreur de la montée du nazisme en Lettonie, les horreurs commises en son nom, puis les exécutions en masse de juifs, puis les camps. On va côtoyer toute la fine fleur de Heydrich à Himmler, y compris les rencontres avec le Führer…

Et Ev’ dans tout cela ? Koja lui fait établir un parfait certificat d’aryanité, elle épouse un sbire du nazisme taré et violent, s’enrôle comme médecin au service du Reich et se fait engager… au camp d’Auschwitz en espérant s’occuper des prisonniers…

L’auteur décrit très bien les tentatives du Reich qui devait durer mille ans pour vaincre les russes, avec des opérations commandos pour tuer Staline, souvent délirantes, et Hub ne va pas hésiter à envoyer une amie russe de Koja , Maja, en URSS dans une opération qui ne peut que la détruire.

La haine entre les deux frères va loin, car Hub n’hésite pas à laisser Koja blessé sur place pendant la retraite. En fait, il a refusé d’être sauvé par son frère, préférant être arrêté par les Russes.

Tout aurait pu s’arrêter à la fin de la guerre et la mort de Hitler. Mais, après la guerre il faut reconstruire. Staline veille et manipule tout le monde. Koja va se retrouver prisonnier, victime de chantage par la Tcheka, le Kremlin devenant agent double, voir triple, car la création de l’état d’Israël va générer le Mossad…

J’ai adoré ce pavé car l’histoire de cette famille est passionnante, par les rivalités, entre les différents membres, la relation qu’entretiennent les deux frères avec Ev’ dont ils sont amoureux tous les deux….

Mais surtout, j’ai appris beaucoup de choses sur la vie des anciens SS !!! je croyais naïvement qu’ils étaient partis à la CIA, en Amérique du Sud pour inspirer certains dictateurs ou ailleurs et en fait, pas du tout, ils ont été mis au service des renseignements allemands (ils étaient si doués, pourquoi se priver d’un tel talent ?

Et on parlait de rapprochement franco-allemand (de Gaulle- Adenauer entre autres… J’espère que le grand Charles ne se doutait de rien) de construire l’Europe… on comprend mieux la puissance des néo-nazis en Germanie, les théories et l’antisémitisme a dû être bien entretenu dans ces familles…

J’ai toujours été une Européenne convaincue, mais là, ma confiance en a pris un sacré coup.

Les relations entre notre Hippie, branché non-violence, avec un mélange de Bouddhisme et d’Hindouisme et Koja à la gâchette facile met un peu de douceur dans cette fresque qui résume les trois-quarts du XXe siècle…

Je me suis rendue compte que je ne connaissais que superficiellement l’histoire de l’Allemagne d’après-guerre, donc sujet à creuser, et je vais peut-être enfin pouvoir lire des livres sur Staline, ce que j’ai toujours reporté à plus tard car il me fait encore plus peur que Hitler.

C’est très difficile de parler d’un tel livre, sans en dire trop, sans radoter, et cette chronique m’a pris beaucoup de temps. C’est un uppercut ou un scud que j’ai reçu en pleine face.

Ce livre, dont le thème est vraiment très dur, m’a énormément plu. Chris Kraus a fait un travail extraordinaire. Parfois, la lecture a été difficile car il ne nous fait pas grâce des atrocités commises par les uns et les autres. C’est difficile de parler ainsi, mais ce roman est un vrai coup de cœur.

Le titre est on ne peut mieux choisi, la plume magnifique et la couverture est superbe.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir cette pépite et son auteur.

#Rentreelitteraire2019 #NetGalleyFrance

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1974. Dans une chambre d'hôpital, Konstantin Solm, un vieil homme avec une balle logée dans la tête, déroule la confession terrible de ce que fut sa vie.Ce récit fleuve résolument tragique ne sera cependant pas dénué d'humour - noir, naturellement.Tout commence par une histoire d'amour compliquée avec sa soeur adoptive sur laquelle son frère Hubert, à Riga, Lettonie. Quand l'Allemagne envahit la Lettonie, les deux frères sont embrigadés par la Wehrmacht. Quand la guerre s'achève, Konstantin se reconvertit en espion du KGB, puis du Mossad...Le roman est basé sur des faits réels, tirés de l'histoire familiale de l'auteur. En mêlant histoire et fiction, Chris Kraus parvient à écrire un roman haletant dans lequel les personnages, confrontés aux contingences, voient leur moral, leur destin et leur humanité réduits à néant.

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