Le Daron

C'est tout d'abord la couverture qui m'a interpellée, puis le résumé avec la mention des gens du voyage. Une communauté qu'on ne connait pas, qu'on juge beaucoup, alors j'ai eu envie de lire.

Et j'ai adoré. Une belle histoire, une histoire vraie, une histoire d'amour et de famille, de valeurs et de travail, de courage et de dignité, "d'à forces d'à forces", de réussite sociale et professionnelle, d'intégration, d'identité,mais aussi de maladie, de guerre et de dénonciations.

Un livre que je recommande fortement !!!

Je remercie les éditions Librinova pour l'envoi, via net galley de Le Daron de Max Billancourt.
Ce récit à peine romancé est un hommage de l'auteur à son père : son daron, et à sa famille, issue de la communauté des gens du voyage, plus précisément des yéniches.
C'est un hymne d'amour et aussi un livre de nostalgie d'un monde original et picaresque aujourd'hui disparu, celui de son enfance et de sa jeunesse.
Le Daron est un très bel hommage, très touchant, qui m'a permis de découvrir les Yéniches. J'avoue que je ne connaissais pas du tout cette communauté.
C'est d'ailleurs ce qui m'a attiré dans cet ouvrage : découvrir les gens du voyage, qu'on connait peu. Certes on voit maintenant de nombreux reportages sur cette communauté mais il est difficile de savoir qui ils sont vraiment car ils font encore peur. C'était le cas du temps de la jeunesse de l'auteur et cela a du mal à changer. Quand des caravanes arrivent dans nos petits villages, s'il y a le moindre vol c'est forcément eux qui sont en cause ! Quand mon patron voit arriver les manouches, il est hyper méfiant, et il n'est pas le seul à avoir cette attitude, à tord ou à raison, c'est tout un débat..
Le narrateur et sa famille ont vécus cette discrimination, cette méfiance voir cette méchanceté envers eux. J'ai trouvé ça touchant la façon dont il se confie à nous sur son passé, ses souvenirs d'enfance, sa famille... Ils n'ont pas toujours été sur les routes car ils ont également été sédentaires.. toutefois la méfiance était toujours là.. dommage.
Son Daron lui a apporté de jolies valeurs, des secrets de famille aussi, beaucoup de non-dits..
Le daron est un joli récit, d'une époque révolue mais qu'il est très agréable de se remémorer. C'est écrit simplement, avec beaucoup de pudeur et j'ai apprécié ma lecture.
Je mets quatre étoiles et je vous invite à le découvrir à votre tour.

Ce livre est une belle biographie, à peine romancée, du père de l’auteur. Il nous permet de découvrir le milieu des yéniches et autres voyageurs. Je croyais que les yéniches étaient suisses d’origine mais en fait ils sont alsaciens. Max Billancourt nous parle de son père, mais aussi de toute sa famille. Son arrière-grand-père a quitté l’Alsace après la guerre de 1870, il a eu de nombreux enfants dont Holzmann le grand-père de l’auteur. Il quitte sa famille à onze ans pour aller vendre des trousseaux. Durant la grande Guerre, âgé de seize ans, il s’installe avec sa roulotte et son cheval sur la place d’un village de la région lyonnaise, il ne tarde pas à rencontrer Nanon, quatorze ans, fille d’une marchande de tissus. Durant toute la guerre il aide la jeune fille et sa mère puis les deux jeunes gens se marient dès qu’ils le peuvent. Paul, le père de Max naît en 1922 et meurt en 1999. Sa vie est une suite de joie et de peine, il connaîtra aussi un grand amour avec Suzanne, ils auront trois fils. Il sera résistant puis déporté, ce dont il n’a jamais parlé à ses enfants.

L’auteur naît en 1948 et nous parle abondamment de son enfance et de sa jeunesse. C’est une famille heureuse, durant sa petite enfance, il voyage avec ses parents, mais quand l’ainé est en âge de commencer l’école primaire, les parents choisissent de se sédentariser définitivement à Montribel près de Lyon dans la maison achetée par le grand-père. Le père pousse ses enfants à étudier car il regrette de ne pas avoir écouté Holzmann qui lui avait donné le même conseil, leur réussite scolaire puis sociale est sa plus grande fierté.

On suit avec intérêt, tout au long du livre la vie de cette famille et à travers elle, de la communauté du voyage. Ces personnes sont parfois bien acceptées et parfois rejetées, il semble que le rejet s’est accentué après la deuxième guerre mondiale, sans compter que les conditions économiques deviennent beaucoup plus difficiles avec le développement des magasins et de la vente par correspondance. La marchandise est de moins bonne qualité et les clients se sentent, à juste titre arnaqués. Il y a une scène savoureuse de vente à un paysan savoyard, qui frise l’escroquerie. La réussite économique de la famille suscite de nombreuses jalousies dont ils souffriront beaucoup, notamment à cause de dénonciateurs anonymes qui feront déporter Paul, puis accuseront son père de marché noir, ce qui l’enverra en prison et accélèrera son décès, surtout que son frère lui a volé toutes ses économies.

C’est un livre plein de tendresse et d’amour, qui nous parle d’une belle famille très unie et des coutumes passées d’une communauté peu connue, j’ai eu un immense plaisir à voyager avec eux l’espace d’une journée. Un très beau livre que je recommande chaleureusement. Un grand merci à Netgalley et aux Editions Librinova pour ce partenariat très apprécié. Je reviens très vite avec un recueil de nouvelles policières du même auteur.
#LeDaron #NetGalleyFrance