La désertion

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Date de parution 17 janv. 2018 | Archivage 28 mai 2018

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Résumé

« Le premier jour d’absence il était descendu à l’heure du déjeuner pour l’attendre dans le parc, caché derrière l’arbre d’où il observait la sortie de ses subordonnés. Il avait ensuite vérifié les registres de la badgeuse. Aucune trace d’elle. » Un jour, Eva Silber disparaît volontairement. Pourquoi a-telle abandonné son métier, ses amis, son compagnon, sans aucune explication ? Tandis que, tour à tour, ses proches se souviennent, le fait divers glisse vers un récit inquiétant, un roman-enquête imprévisible à la recherche de la disparue.

« Le premier jour d’absence il était descendu à l’heure du déjeuner pour l’attendre dans le parc, caché derrière l’arbre d’où il observait la sortie de ses subordonnés. Il avait ensuite vérifié les...


Formats disponibles

FORMAT Ebook
ISBN 9782234084728
PRIX 10,99 € (EUR)

Chroniques partagées sur la page du titre

Roman choral dans lequel les trois amis d’Eva qui a disparu très probablement volontairement nous font découvrir cette jeune femme complexe..
Un final qui donne toute sa valeur à ce court roman étrange qui va très certainement me rester en mémoire.
Une belle découverte

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Contrairement à Tout le pouvoir aux soviets que je venais de terminer, écrit par un auteur, Patrick Besson, dont j’avais déjà entendu parler même si je ne l’avais jamais lu, l’auteur (auteure ? actrice ?) de La désertion m’était totalement inconnue. J’ai découvert ce roman dans le catalogue de la plateforme NetGalley.fr par l’intermédiaire de laquelle l’éditeur a accepté de m’envoyer gracieusement un exemplaire numérique de ce livre en « service de presse ».

Le résumé de l’éditeur m’avait suffisamment intrigué pour me donner envie de découvrir ce roman :

« Le premier jour d’absence il était descendu à l’heure du déjeuner pour l’attendre dans le parc, caché derrière l’arbre d’où il observait la sortie de ses subordonnés. Il avait ensuite vérifié les registres de la badgeuse. Aucune trace d’elle. »

Un jour, Eva Silber disparaît volontairement. Pourquoi a-telle abandonné son métier, ses amis, son compagnon, sans aucune explication ? Tandis que, tour à tour, ses proches se souviennent, le fait divers glisse vers un récit inquiétant, un roman-enquête imprévisible à la recherche de la disparue.

La disparition soudaine d’Eva est le point de départ et le coeur du récit. Celui-ci est composé de quatre parties successives, dans lesquelles nous découvrons un narrateur différent :

Franck, le directeur pervers, voyeur et harceleur d’Eva
Marie-Claude, la collègue bienveillante et conventionnelle d’Eva
Paul, l’étrange ami-amant avec qui Eva avait une relation avant sa disparition
Eva, elle-même, pour conclure
Ces gens défilaient dans son bureau armés d’une sorte de servilité qu’il n’avait connue qu’à l’école. Elle obéissait à la règle informulée stipulant qu’on devait, toujours, et avec férocité, taper sur le plus faible pour ne pas paraître faible soi-même.

J’ai bien aimé cette construction chorale où chaque personnage nous fait partager sa vision d’Eva, de sa vie, et ses relations aux autres, et de sa disparition. A l’image d’un puzzle que l’on reconstitue pièce par pièce, chacun des points de vue apporte une lumière nouvelle sur Eva, un personnage difficile à cerner, que ce soit avant ou après sa « désertion », pour reprendre le terme choisi pour le titre du livre. Il faut attendre le récit d’Eva elle-même pour mieux comprendre ce qu’il lui est arrivé et la cause de sa disparition du jour au lendemain.

Ne lui restait que sa mémoire et, pire, ses sentiments, soit la part de lui-même la plus éloignée de lui, celle qu’il mettait au pas depuis toujours pour exécuter son plan – réussite sociale, normalité, accomplissement, utilisé. Fin de la honte de soi.

A travers le destin singulier d’Eva, le roman dresse un panorama triste mais sans doute réaliste de notre société. Emmanuelle Lambert nous décrit un monde du travail déshumanisé, où le processus est roi, où tout est affaire de statistiques, d’indicateurs, où le rôle des managers se résume à une autorité basée sur la surveillance permanente, la recherche de fautes et de coupables. Dans son roman, les relations sociales – faute de pouvoir être qualifiées de relations humaines – sont figées dans des conventions hypocrites où le savoir-vivre et les apparences prennent le pas sur l’honnêteté ; les amitiés sont superficielles, éphémères, fragiles, elles ne tiennent pas le coup face au poids des blessures qu’on refuse de voir.

Je n’ai jamais compris pourquoi les gens me renvoyaient tous que j’étais étrange, mais j’ai fini par m’y faire. Il ne faut pas du tout exclure que j’aie cru, un temps, être malade parce que les gens le croyaient pour moi, cela avait du sens après tout ils n’avaient jamais repéré que les choses que je leur livrais. Lorsque tout le monde vous voit comme malade, vous avez besoin d’un peu de temps pour changer la focale.

Au fil du roman, j’ai appris à apprécier la personnalité d’Eva, qu’on découvre progressivement au fil des pages. Elle apparait comme une personne déroutante, décalée, dérangée peut-être, mais c’est peut-être le personnage le plus humain du roman. Ses failles sont compréhensibles et on excuse aisément ses difficultés à y faire face, dans une société cruelle où l’humain doit rester anecdotique. On assiste, impuissant, à sa chute, qu’on voudrait éviter, qu’on voudrait lui épargner, car on s’attache à elle.

A quel moment ? Quand a-t-elle commencé à chuter dans le désintérêt, dans le dégoût des autres, de la vie, des choses qu’on fait, qu’on aime ? Elle ne pouvait répondre. Pour cela, il lui aurait fallu immobiliser ce moment le plus ténu, ce, ces moments où, d’un coup, tout dissone, rien ne va, rien ne coule, où l’esprit se désintéresse de lui-même, de sa vie, de son corps. Pour cela, il lui aurait fallu être capable d’arrêter le temps pour le contempler.

La désertion est un roman court (160 pages), troublant mais prenant, que j’ai lu avec plaisir et intérêt. Le style est simple mais plaisant. Il y a quelques passages très finement écrits et pleins de sens ; je me suis permis d’en citer quelques uns ici. Au-delà de l’enquête sur la disparition d’Eva, qui sert de fil rouge au récit, c’est aussi un livre qui fait réfléchir, et c’est toujours bon signe en littérature.

« Pour un être sensible, la pitié, souvent, est souffrance »

Herman Melville, dans « Bartleby le scribe », cité en exergue du roman

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Ce récit très court nous emmène sur les traces d’Eva Silbert, évaporée, disparue volontairement de son existence.
Les bribes de son histoire sont contées par trois protagonistes de son entourage.
C’est Franck Bourgoin qui livre en premier sa vision des choses. Il est le supérieur d’Eva, a des tendances obsessionnelles à surveiller ses employés en dehors du travail notamment Eva qu’il traque jusqu’à son domicile.
Ce personnage fait froid dans le dos par sa méticulosité, il n’est absolument pas sympathique. J’ai pu me poser la question s’il voulait aider Eva mais je pense en réalité qu’il regrette d’avoir perdu un sujet à étudier avec sa disparition.
Ensuite, c’est sa collègue et amie Marie-Claude qui entre en scène. Avec Eva, elles travaillent dans un centre de recherche épidémiologique qui établit des statistiques notamment sur les personnes décédées.
Marie-Claude a été témoin de la dépression d’Eva mais n’a pas été d’une grande aide malgré sa bonne volonté. Ce passage de rupture m’a beaucoup touchée, ce moment où Marie-Claude en tant qu’amie convie Eva à un dîner entre amis pour lui changer les idées mais cette dernière si mal dans sa peau va faire honte à son hôte.
Le malheur de quelqu’un ne l’autorise pas à détruire ce qu’il y a de positif chez les autres, on sent l’impuissance de l’amitié face à l’autodestruction d’un être.
Puis, c’est Paul qui raconte son récit, son expérience avec Eva dont il est l’amant.
Leur première rencontre relève de la collision fortuite. Très décidé Paul se montre patient pour la séduire. Ils forment un couple atypique, empreint aux doutes et à leurs propres démons.
Enfin, le récit se clôt sur la vision d’Eva qui déchante de plus en plus de sa vie. Tombée dans une spirale de dépression, de doutes et de remise en question.
Difficile d’en dire plus sans spoiler la fin qui est très belle, je l’ai beaucoup aimée. Tout ce que je peux dire c’est que la fin présage un happy end pour le personnage principal sans qu’il y ait pour autant un retour à la normale de sa vie d’avant.

Il s’agit d’une enquête introspective qui va crescendo sur l’appréhension d’un être confronté à la vie qu’il ne veut plus vivre.
J’ai été un peu déboussolée par ce livre : en réalité il me semble que les mots expriment plus un sentiment qu’une véritable histoire. D’autant plus qu’à part la dernière partie, tout est basé sur les actes du passé.
Cependant, je me suis laissée guidée par l’histoire, douce et émouvante.
Je ne connaissais pas l’auteure Emmanuelle Lambert et j’ai découvert une plume fluide et élégante qui offre un agréable moment de lecture.

« Il me semble que Dieu vous a envoyé sur terre pour m’essuyer. »

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Au départ, on ne sait pas très bien où Emmanuelle Lambert veut nous mener, alors on se laisse guider. Le roman commence par le récit de Franck qui cherche à comprendre pourquoi Eva Silber a abandonné son poste de travail. Le supérieur, plus qu’étrange dans ses pratiques d’espionnage, réagit de façon peu coutumière. Et on se demande bien pourquoi la désertion d’Eva suscite tant de bouleversements ? La réponse se dessine un peu plus loin lorsque Marie-Claude, la collègue d’Eva, prend la parole. On comprend alors que l’évanescence d’Eva crée une forme de cristallisation autour de son être. Eva interroge, questionne, qui est-elle ? Est-il possible de lire dans ses pensées ? Les mêmes questions obsèderont Paul. Il rencontre Eva par hasard dans une clinique. Enfin, pour lui, il ne s’agira pas de hasard, alors il suivra Eva et deviendra son amant.
Jusqu’à ce moment du récit, on se construit un portrait flou d’Eva, on ne sait toujours pas qui elle est, si elle est froide ou sensible, hautaine ou réservée, mais elle devient familière, touchante et agaçante. Puis, soudain, le mystère s’éclaire à la dernière partie du livre. Enfin on entre dans l’intimité et les angoisses d’Eva. Alors tous les épisodes rapportés font sens comme un film que l’on rembobinerait à toute allure.
Le roman est un enchantement étrange qui joue avec notre impatience à savoir, à comprendre, et lorsqu’enfin l’évidence est devant nos yeux alors une douceur et un charme nous saisissent. Une très jolie découverte, un très joli style d’écriture.

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Pourquoi disparait-on ? Comment du jour au lendemain peut-on volontairement s’effacer, en ne laissant aucune trace ?
Dans ce roman choral, Emmanuelle Lambert nous propose un fragment de la vie d’Eva Silbert évaporée sans plus jamais donner signe de vie.

Dans un premier chapitre c’est le chef de service d’Eva qui s’exprime. Nous découvrons un être froid, calculateur, harceleur. Il a l’habitude de noter les faits et gestes de ses subordonnés, n’hésitant pas à les suivre dans leurs vies privées. Eva particulièrement vulnérable est sa cible privilégiée.

Marie-Claude connait une toute autre Eva, elle était son amie et nous en parle avec tendresse.
Le ton change totalement, brutal dans la première partie, les mots se font caresses.
Paul l’amant mystérieux, essaie de parler d’Eva qu’il aime à sa façon.

Dans la dernière partie du roman, Eva prend la parole.

« La désertion » est un roman étrange et envoûtant. J’ai eu un peu de mal à entrer dans cette lecture, le début m’a semblé opaque et difficile à suivre.
Mais rapidement, un peu comme une fenêtre qui s’ouvrirait pour laisser pénétrer la lumière, l’histoire se met en place, les personnages prennent corps.

La fin est aussi inattendue qu’éblouissante.
J'ai trouvé ce roman raffiné et doux, entre rêve et réalité, tendre jusque dans les difficultés, émouvant et grave.
J’en ressors avec la conviction d’avoir rencontré à travers les phrases de l’auteur, une Eva magnifique qui a pris une place certaine dans un coin de ma mémoire.
Je ne connaissais pas Emmanuelle Lambert et je remercie très vivement les Editions Stock qui m’ont permis cette belle découverte via NetGalley.

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Après avoir été embauchée dans une société à Paris, chargée d'établir des statistiques sur les personnes décédées, Eva apprend rapidement à connaître son patron, un obsédé de l'ordre, du classement, et par ailleurs un homme pervers et qui passe une partie notable de son temps à espionner ses employé (e)s, à faire des fiches sur eux, à les photographier à leur insu... Elle devient amie avec sa collègue de bureau, Marie-Claude, gentille mais intrusive, puis rencontre fortuitement Paul, par « collision » écrit Emmanuelle Lambert ( au propre et au figuré). C'est le début d'une aventure, mais un jour, après un dîner beaucoup trop arrosé, Eva décide de tout quitter, amant, amie, travail, appartement, pour une nouvelle vie dont on connaîtra la réalité plus qu'étonnante seulement au moment du dénouement final.

Une peinture sombre de la vie

J'ai vu dans ce court mais poignant roman une peinture sombre de la vie: celle du renoncement, de « la désertion » au sens psychologique du terme, comme l'indique le titre tout à fait adapté à ce récit. Eva n'en peut plus de sa vie où tout lui déplait, dans une société technologique et déshumanisée, qui perd ses repères et voit surgir les menaces les plus sévères (il s'agit de notre époque puisque les récents attentats de Paris par exemple sont mentionnés), avec un travail absurde et dépersonnalisé, des dîners convenus et sans intérêt où les protagonistes n'ont rien à dire, ou si peu, sauf des banalités... Mais lorsqu'on prend ce genre de distance avec les autres, il n'y a plus grand monde pour vous aider : « Je ne peux pas t'accompagner dans ce voyage », finit par dire Marie Claude à Eva, un soir de cuite.

Un roman touchant

C'est un roman qui m'a touché parce qu'il m'a paru hors norme, inclassable, et tellement dérangeant. On se met à la place d'Eva, forcément et on souffre avec elle. Voici une jeune femme qui remet en cause sa vie monotone et insipide pour une aventure toute intérieure, à la fois dévastatrice et libératrice. Elle lâche prise avec son quotidien qu'elle rejette , et s'invente un autre univers où il y a place non plus pour les vivants mais pour les morts. Mais, si en définitive, au bout du tunnel il y avait quand même une petite lumière ? Emmanuelle Lambert finit par nous la laisser entrevoir...

Une écriture originale

Le roman est écrit avec plusieurs points de vues successifs qui sont ceux des quatre personnages principaux. On avance ainsi dans l'histoire avec envie, car le suspens est bien ménagé. Une sorte de contre-enquête. Le style est excellent, pur et ciselé. Un vrai modèle d'écriture. Le seul bémol serait le manque d'informations donné sur les origines familiales, sur l'identité d'Eva qui nous donneraient à mieux comprendre le personnage qu'elle est devenue, ballotée dans cette vie sans relief qu'on peut imaginer à Paris ou dans une autre grande ville. En fin de compte on aurait aimé en savoir un peu plus, ses goûts personnels, littérature, musique, cinéma, voyages etc...

Le livre est écrit comme si Eva avait dépassé le cap d'une vie normale, et décidé de vivre à trente ans dans l'obsession de la mort. Une seule citation permet peut-être de résumer la pensée de l'auteur : « accepteriez-vous vraiment de vivre cette vie-là si au bout du compte vous n’étiez pas sûrs que vous allez mourir ? ».

Je recommande ce livre à tous ceux qui veulent découvrir un auteur de talent, même si son propos ici n'est pas enchanteur...

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Dans ce roman on découvre tour à tour trois voix. Celle de Franck, de Marie-Claude et de Paul. Trois voix qui ne se placent pas dans la même temporalité, mais qui nous racontent la même histoire. Celle d'Éva Silber, une jeune femme ordinaire, qui disparaît subitement.

L'un a été son patron, l'autre son amie et le dernier son compagnon. Tous nous racontent leur version de la même personne. Ainsi, on découvre Éva sous différents regards, différents angles. Un peu à la "dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es..." enfin presque, ici on découvre rapidement que le regard des autres est un prisme déformant.

Chacun dresse un portrait d'Éva imprégné de ses propres faiblesses. Chacun l'imagine à son image. Chacun imagine avoir eu un impact fort dans son parcours de vie. Chacun s'imagine impliqué dans les raisons de sa disparition.

Eva, on la rencontre dans la dernière partie, avec elle on raccorde les différents témoignages. On comprend un peu mieux, mais l'impression est éphémère, comme un mirage. Eva c'est avant tout des secrets et des abandons. Ceux qui pensent l'avoir saisi sont eux-mêmes complètement perdus.

Verdict : L'auteur nous propose un roman choral, avec un chassé-croisé dans le temps, hautement maîtrisé ! C'est complètement fou, je n'ai rien vu venir ! L'écriture est d'une sobriété chirurgicale, plus parfaite que le mot parfait. Chaque mot est à sa place, chaque virgule à un sens. Je suis ressortie de cette lecture secouée.

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La désertion est un roman de Emanuelle Lambert découvert grâce aux éditions Stock et net galley, en avant-première.
Ce court roman, que j'ai lu en une petite heure, m'a beaucoup intéressé.
Eva a disparu. Surement une disparition volontaire. Elle a tout quitté, on ignore ce qu'elle est devenue.
Nous la découvrons à travers trois personnes : Franck Bourgoin, son patron, Marie-Claude Chevalier, une amie, et Paul Serge, son ami. Tous trois ont des personnalités différentes et nous permettent de découvrir Eva de leurs yeux. On découvre une femme complexe, avec une personnalité intéressante.
Et pour finir, le point de vue de Eva. Nous découvrons avec cette dernière partie la vérité, ce qui est arrivé et pourquoi elle a souhaité tout quitter.
La désertion est un court roman poignant. La dernière partie, avec Eva, est très troublante. Il y a un élément qui fait que je ne risque pas d'oublier cet ouvrage !
Court certes, mais difficile de ne plus y penser une fois qu'on l'a refermé.
Je suis ravie de ma découverte, et je mets avec plaisir quatre étoiles.

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« La désertion » est un roman dont le résumé m’a tout de suite accrochée parce que je dois avouer qu’il m’est arrivé très souvent d’imaginer ce qui se passerait si, un jour, je fermais la porte de chez moi et m’en allais. Je suis profondément remuée par ces gens qui disparaissent du jour au lendemain alors je remercie profondément les éditions Stock et NetGalley pour ce joli moment d’émotion. Je sais que chez Stock je vais trouver de l’intimiste, de la force et de l’intensité.
C’est un roman très court et très fluide. Rien n’accroche la lecture et on avale les pages sans voir le temps passer. C’est sincère, c’est puissant, et j’ai lu ce roman d’une traite en une petite soirée.
L’histoire est celle d’Eva Silber dont la disparition brutale prend tout son entourage au dépourvu. Tour à tour trois personnes prennent la parole et la racontent : ils s’appellent Franck Bourgoin, Marie-Claude Chevalier et Paul Serge. Trois personnages très distincts, inquiétants ou touchants, antipathiques ou bien plus chaleureux. Et tous trois se souviennent. Si bien qu’on ne connaît l’énigmatique Eva Silber que par ce qu’ils veulent bien nous confier d’elle. On découvre une Eva aux nombreuses facettes, une femme inexplicable et inexpliquée, complexe, ombrée de charme et de mystère.
Immédiatement ce personnage m’a intriguée et attendrie. Malgré ses crises de colère, sa froideur manifeste et cette cloison qu’elle dresse entre elle et les autres, c’est une femme qui impressionne et inquiète, tout à la fois. « Les autres, pour elle, n’existaient pas ; elle était absorbée dans une entreprise de destruction systématique de sa personne qui excluait le monde alentour. » On se pose les mêmes questions que les personnages : mais où est-elle ? Est-elle toujours en vie ? Et pourquoi a-t-elle disparu ? Je suis forcée de laisser certaines zones du roman dans l’obscurité pour ne pas dévoiler l’intrigue, mais au fond, plus qu’une intrigue, ce livre est surtout un long poème, un questionnement existentiel sur les sujets les plus solennels et les plus graves de la vie humaine.
Alors je n’avais pas prévu que l’histoire d’Eva interfère avec la mienne. Vers la fin du roman, l’auteur nous faire chavirer dans le fantastique et si ça m’a beaucoup plu, ça m’a aussi bouleversée. Je ne peux rien révéler sans gâcher l’histoire – et c’est terriblement frustrant – mais ces dernières pages sont emplies de bienveillance, de délicatesse et d’un incroyable lyrisme. C’est la partie du roman que j’ai préférée. Et même si je n’en ai pas vraiment apprécié la fin que je trouve confuse, le livre en entier me laisse une vraie sensation de clarté et d’abandon.
Je pense que la souffrance d’Eva peut être comprise de plusieurs façons, mais quel que soit le regard que l’on porte sur elle, la conclusion est la même : au fond, si Eva souffre autant, c’est à cause de son humanité. Un cœur trop grand dans un corps trop étroit. Derrière la carapace, sous la couche de fer, là, tout en-dessous, il y a une femme qui soudain prend conscience de l’absurdité du monde dans lequel elle vit et de la fragilité de nos existences. Une femme bien trop réceptive, trop sensible, pour un univers trop froid. Je crois d’ailleurs que c’est pour cela que j’ai pleuré sur ces dernières pages : parce qu’on peut y lire tant de tableaux différentes et que chacun sera touché à sa manière par son propre vécu, son ressenti singulier et ses fantômes personnels.
En ce qui concerne la forme, l’écriture de l’auteur s’expose avec l’élégance et le superbe d’un cygne. Emmanuelle Lambert dompte les mots avec une acuité et un raffinement splendides. C’est propre, c’est maîtrisé, c’est impeccable. « Marie-Claude le lui avait demandé, écrit l’auteur. À quel moment ? Quand a-t-elle commencé à chuter dans le désintérêt, dans le dégoût des autres, de la vie, des choses qu’on fait, qu’on aime? Elle ne pouvait répondre. Pour cela, il lui aurait fallu immobiliser ce moment le plus ténu, ce, ces moments où, d’un coup, tout dissone, rien ne va, rien ne coule, où l’esprit se désintéresse de lui-même, de sa vie, de son corps. Pour cela, il lui aurait fallu être capable d’arrêter le temps pour le contempler. »
J’ai lu dans ce roman une belle réflexion sur la mort, son aberration, sa sélection arbitraire. Et par là même c’est évidemment une réflexion sur la vie, ce qui la rend précieuse justement parce qu’elle est aussi ténue et chancelante. C’est une réflexion sur la maladie, l’injustice et la difficulté à communiquer ce qui agite le cœur.
Je ne connaissais pas Emmanuelle Lambert mais je vais me pencher avec grand intérêt sur ses précédents écrits. Alors que j’ai refermé la dernière page depuis plusieurs heures, je sens encore à quel point ce roman est riche et combien toute sa profondeur m’échappe encore. Et c’est là que le titre du roman prend tout son sens, car c’est bien plus que l’histoire d’une disparition : c’est en effet une « désertion », dans tous les sens du terme. Malgré son petit nombre de pages, c’est une histoire qui reste en mémoire et continue à secouer le cerveau. C’est un roman qui marque, assurément.

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