Chroniques des lecteurs

Couverture : Blizzard

Blizzard

Date de parution :

Chronique par

Lison C, Rédacteur

Pour son premier roman Marie Vingtras nous propose un huis-clos à ciel ouvert dans les terres hostiles de l’Alaska: alors qu’une tempête fait rage, Bess entraîne dans l’immensité neigeuse le petit garçon dont elle a la charge. Le temps de refaire son lacet, elle lâche la main de l’enfant durant quelques secondes, cela suffit pour qu’elle le perde de vue et qu’il disparaisse sans laisser de trace. Elle se lance seule à sa recherche, tandis que Benedict, l’homme qui lui a confié le garçon, fait de même après s’être aperçu de leur escapade à l’extérieur du chalet. Avec lui, deux autres hommes: Freeman, un vétéran de la guerre du Vietnam en proie à des réminiscences douloureuses et Cole, un homme du pays, rustre et froid, qui n’attire guère la sympathie.

De tels personnages atypiques, aux liens complexes et inattendus, ne sont pas là par hasard. Ils sont venus s’enterrer au bout du monde, dans cette région difficile de l’Alaska, pour échapper à une seule et même chose : leur lourd passé. Lorsque les complications arrivent, leur vie est perturbée, la disparition de l’enfant associée à des conditions climatiques extrêmes exacerbe leur culpabilité et les souvenirs affluent emprisonnés par la tempête de neige. Nous suivons les pensées intimes de chaque personnage et l’introspection est réussie : le style fluide et acéré de l’autrice nous entraine avec brio dans la vie de chacun des protagonistes, à la découverte de leurs plus sombres secrets. Ainsi chaque chapitre nous en apprend plus sur les personnages, suscitant à leur égard l’empathie ou la répulsion. De leurs confessions émanent des sentiments de profonde culpabilité, leur âme tourmentée cherche un exutoire et les mots de Marie Vingtras témoignent d’une sensibilité touchante. Ne vous y trompez pas, le récit ainsi que le dénouement sont suffisamment sombres et inattendus pour prêter à ce roman des allures de thriller dans le style nature writing de David Vann ou de Ron Rash.

Un mot au sujet de cette version audio que j’ai particulièrement apprécié (pourtant écoutée lors d’un trajet en train ponctué de multiples péripéties…) : quatre narrateurs, Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille et Sébastien Pouderoux prêtent efficacement leur voix aux personnages et contribuent à parfaire notre immersion de lecteur au coeur de cet intense huis-clos. Je remercie Audiolib via NetGalley pour ce partenariat.

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