C’est l’histoire de Jérôme M., 37 ans. Ça débute le jour de son embauche et de son anniversaire, accessoirement. Le voilà engagé dans un nouveau parcours ou plutôt : processus d’insertion professionnelle. Voilà qu’il s’engage surtout vers le déclin ; qu’il avait toujours pensé beaucoup plus loin. Ça fait bien six ans qu’il ne bande plus ; sa situation sociale et financière n’est pas plus favorablement engagée. Jusque-là c’était passé : il se sentait encore jeune, il ne manquait pas grand-chose pour un revirement inattendu, ou un rebond significatif. Mais voilà, il fallait bien faire le constat que le revirement inattendu comme le rebond significatif ne s’étaient pas produits. L’étincelle était venue de ce briquet Bic insignifiant […], et de son imprimé agressif en langue anglo-saxonne : THIS IS YOUR LIFE. Le « fil des jours » – terme communément et littérairement admis – n’avait plus rien d’un défilement pour lui : ce n’était plus qu’une addition persistante de couches calcaires. Physiquement, il se sent comme recouvert d’argile, ce qui complique ses mouvements, ses accès au monde extérieur ; ses os lui font mal, il soupçonne de l’arthrose juvénile.

En somme, il n’attend plus grand-chose de la vie ; en dehors de la visite régulière de petites souffrances cumulatives et croissantes.

Ce qu’il ne sait pas – étant nul en physique-chimie –, c’est qu’ « à une température comprise entre 402 et 898 degrés C°, le calcaire se pulvérise en chaux vive. »