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Paul prend la forme d'une fille mortelle
par Andrea LAWLOR
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Date de parution 13 août 2025 | Archivage 24 août 2025
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Résumé
Iowa city, 1993. Paul Polydoris a tout d’un étudiant comme les autres. Il va un peu en cours, souvent en boîte, cumule les petits boulots et enchaîne les conquêtes. Mais Paul a un secret : pour séduire qui il désire, il a le pouvoir de se transformer en fille, de pied en cap, et de devenir Polly. Le jour où il tombe amoureux de Diane, Paul veut tout lui avouer. Mais qui est-il vraiment, et pourquoi pas les deux ? Est-ce que Diane l’acceptera ? Est-il seul dans ce cas ? Son voyage intérieur au cœur du genre va se transformer en road trip riche en rencontres, des bars de la côte Est jusqu’à San Francisco.
Avec un humour et une liberté incroyables, ce roman queer devenu culte est une bouffée d’air frais qui joue avec les genres, au sens propre et figuré. Entre Orlando de Woolf et les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin, Paul prend la forme d’une fille mortelle rend hommage par la fiction à l’histoire et aux droits de la communauté LGBT, à l’heure où celle-ci, aux US et ailleurs, sont en danger.
Iowa city, 1993. Paul Polydoris a tout d’un étudiant comme les autres. Il va un peu en cours, souvent en boîte, cumule les petits boulots et enchaîne les conquêtes. Mais Paul a un secret : pour...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782413091547 |
PRIX | 23,00 € (EUR) |
PAGES | 368 |
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Disponible sur NetGalley
Chroniques partagées sur la page du titre

Paul prend la forme d'une fille mortelle est une histoire queer des années 90, dans laquelle un jeune américain nommé Paul peut changer son corps pour se transformer en fille et va vivre des aventures, se chercher.
Le récit n'a pas spécialement de fil conducteur et s'intéresse uniquement à la psychologie de son protagoniste, Paul, qui se change occasionnellement en Polly, ainsi qu'à ses histoires amoureuses et sexuelles, et il y en a beaucoup. Pas forcément dérangeant mais il faut le savoir, il n'y a pas une grande trame narrative mais une succession de tranches de vie sur une année environ.
Mettant en scène des gens autour de la vingtaine dans les années 90, j'ai eu un petit décalage de génération avec les très nombreuses références disséminées au fil du livre, que ce soit niveau musical ou des auteurs cités, Paul étant un grand fan de littérature queer, il est intéressant de voir que certains noms sont restés intemporels.
J'ai apprécié la lecture des aventures de Paul, qui est un personnage attachant, que j'ai regardées avec le même oeil que pour des teen dramas américains, entre le divertissement et la découverture d'une vie bien éloignée de la mienne.
J'ai trouvé hilarant que le personnage si progressiste et cultivé sur les questions de genre soit si mauvais sur d'autres aspects progressiste, c'est souvent le cas dans la réalité mais c'est tellement abusé ici que c'en est drôle.
La métaphore de la non-binarité est bien exploitée tout au long du livre, et est l'occasion de déconstruire les stéréotypes de genre tout au long du récit, pour finalement revenir les reconstruire.
En somme, un très bon livre pour les fans de littérature queer et de tranche de vie de jeunes adultes.

Me revoilà avec le deuxième titre des Éditions La Croisée de cette rentrée littéraire, américaine ici encore, d'Andrea Lawlor, écrivain.e, poète et universitaire américain non-binaire, qui publie ici son premier roman en français. Je n'aime pas tellement insister sur les sexualités et les genres des auteurs, mais ici, il me semble que cette non-binarité se rapporte à son personnage principal Paul qui devient Polly. Ou plutôt est-ce le contraire. En tout cas, ce personnage est non-binaire et la façon dont l'auteur évoque et transpose cette non-binarité à son personnage est originale et novatrice. Il aura fallu faire de Paul un être qui se transforme à l'envie, alternant entre deux sexes, pour illustrer l'impossibilité pour certain-e de se sentir mouvoir dans un corps définit comme entièrement masculin ou féminin.
Iowa City, 1993. Paul Polydoris est étudiant – il étudie les théories du genre – à l'université du même nom. Paul vivote de petits boulots, il est barman, il fait le ménage. Paul est queer et évolue dans cette communauté accompagnée de sa meilleure amie lesbienne, Jane. Mais surtout, Paul a une particularité dont seule son amie Jane a connaissance : il peut changer de sexe à sa guise, devenir Polly, redevenir Paul. Paul erre dans Iowa City de relation en relation homosexuelle/hétérosexuelle. Lors d'une virée au festival du Womyn's Music Festival dans le Michigan, il fait la rencontre de Diane avec laquelle il débute et entretient une relation intense mais éphémère. Lassé de ses études, dépité par cette relation qui l'a laissé le cœur brisé, il finit par s'installer à San Francisco pour tenter de recommencer une nouvelle vie. De relation en relation, Paul reste obsédé par cet individu qu'il a aperçu au détour d'une rue, qui semble doter de la même particularité que lui.
Pas vraiment de nœud narratif dans le premier roman de Andrea Lawlor, mais la plongée dans la vie d'un personnage ni transsexuel, ni hermaphrodite, un individu aussi unique que multiple. Un être qui change de sexe à l'envie, un être tantôt gay tantôt lesbienne. Et dans le monde queer des États-Unis des années quatre-vingt-dix. Iowa City est une ville de l'Iowa, État du Midwest américain, un État traditionnellement républicain. Entre libéraux et conservateurs, Iowa City est cependant reconnue pour son ouverture à la communauté LGBT. Avec une communauté bien ancrée, le mariage gay y a depuis 1993 été reconnu. C'est dans une société qui commence à s'ouvrir, où l'association Act UP – association qui lutte contre le sida/IST, mais aussi pour les droits de la communauté LGBT+ – est en pleine croissance.
Suivre les pérégrinations de Paul, c'est d'abord se confronter aux théories du genre ( on évitera l'utilisation du singulier qui relève de l'utilisation théologique, conservatrice et donc totalement fermée à toute autre identité que celle hétérosexuelle, qu'en font les opposants ). Paul représente très concrètement la question, désormais dépassée, de la dualité sexuelle de l'identité, fille et/ou garçon, tout et rien à la fois, cette non-binarité qui sera revendiquée plus tard. Paul est changeant, fatalement, Paul n'est pas un et unique, il aime filles et garçons indifféremment. Paul vit dans ce monde underground au son d'une pléiade de groupes et autres artistes solos, dont je ne connaissais même pas un dixième des noms, enchaîne les coups d'un soir, explore le monde queer de toutes les façons possibles. Il expérimente et goûte le sexe, il sature ses oreilles et son esprit de musique, souvent arrosé de tous les cocktails du monde qui lui tombent sous la main et de junk food, il lit, il écrit des fanzines qui rencontrent du succès. Il tire la vie par les quatre bouts, souvent à court d'argent, il a 22 ans, aucun projet, aucune attache. Paul explore, Paul se trouve en Polly, mais redevient Paul : ni d'un côté ni de l'autre, Paul se retrouve dans sa diversité.
Ce roman est très ambigu, au-delà même de l'identité mouvante de Paul-Polly, car il nous ramène en 1993, une date à laquelle en France rien de tout cela n'était encore mis sur le tapis, l'homosexualité encore violemment intolérée, alors même qu'aux États-Unis, l'activité Act Up était en pleine effervescence et la communauté LGBT mieux considérée dans sa globalité. Certainement mieux considérée, en tout cas, face au retour en arrière qui s'effectue aujourd'hui vers un conservatisme obscur et rigide qui ne laisse présager rien de bon. La langue d'Andrea Lawlor est franche, brute, sans détour et crue, pas de lumière tamisée ici, on prend tout en pleine tête. Les chansons lancinantes qui s'enchaînent, les néons à la lumière aveuglante, les effluves des rues, entre graillon et pourriture, la saturation (sursaturation) des sens que Paul cherche bien souvent à atteindre a atteint très souvent mes sens de lectrice.
C'est un Paul toujours au bord de l'abîme que l'on suit, et dont j'ai pris un réel plaisir à suivre l'errance d'une communauté à l'autre, d'un groupe à l'autre, poussant l'expérimentation sexuelle jusqu'au bout et sans pudeur. En revanche, on relève ce voile de discrétion qui entoure le sujet du VIH, qui s'est violemment abattu sur les Gais des années 80 américains, violence du virus et des maladies opportunistes, violence du rejet ambiant, violence du nombre des morts. Paul n'est pas épargné, il le vit par procuration, parce que les années 90 n'étaient pas non plus la panacée en matière d'exclusion et de contamination. Parce qu'il semble qu'Andrea Lawlor ait voulu faire le portrait d'une réalité narrative plutôt concrète et fidèle à ce qu'elle était alors en 93, malgré cette touche de fantastique qui entoure le personnage de Paul. Le style relève beaucoup du langage parlé, comme si on suivait l'intériorité de Paul en un monologue intérieur incessant, et c'est ce qui contribue à rendre la lecture du texte addictive, au-delà de toute affinité ou non avec le personnage.
Le personnage de Paul suit une évolution sensible mais réelle, en traversant cette vie un peu chaotique dans son approche de tous et toutes avec qui il peut coucher, de ses expériences multiples, c'est dans une certaine compréhension et acception de lui-même, que Paul finit par appréhender sa pluralité.