Début janvier, Éliane réserve une croisière sur un bateau qu’elle connaît déjà. Quatre ans plus tôt, elle y avait partagé un moment précieux avec sa fille. Cette fois, elle embarque seule, sans imaginer à quel point ce voyage prendrait une dimension inattendue. Peu après sa réservation, elle apprend le décès de son fils Dimitri. Quand vient le moment de prendre le large, quatre mois plus tard, elle choisit malgré tout de monter à bord. Malgré la tristesse. Malgré le vide qui ne cesse de grandir.

Cette croisière devient alors bien plus qu’un simple voyage : une rencontre avec elle-même, une façon de continuer à flotter, même si le courant entraîne vers le fond. Avec authenticité, l’autrice revient sur les instants partagés avec son fils jusqu’à la terrible décision qu’il a prise. Elle confie ses souvenirs, entre éclats de lumière et douleur abyssale, comme des morceaux de vie qui ont le goût salé de la mer, la chaleur du soleil marseillais et l’ivresse du champagne.

Flotter est un témoignage bouleversant par sa sincérité. L’autrice n’idéalise rien, elle se montre tour à tour grinçante, en colère, triste, agacée. La mort d’un enfant est une dévastation, et lorsqu’il s’agit d’un suicide, l’incompréhension est encore plus profonde. Je ne suis pas maman, mais j’ai malheureusement traversé un suicide dans mon entourage. J’ai reconnu dans ces pages cette tristesse sourde, cette colère qui surgit, ces interrogations sans fin et cette petite voix intérieure qui murmure qu’on aurait peut-être dû mieux voir.

Malgré la dureté du sujet, une lumière se dégage de ce récit. À bord du bateau, Éliane fait des rencontres, réapprend à vivre, retrouve peu à peu une partie d’elle restée anéantie. Je ne sais pas si l’on se relève de tout, mais ce livre rappelle que, même brisée, la vie mérite souvent qu’on choisisse de continuer à se battre.