Ce roman inédit de l’auteur culte de La Conquête du courage est, selon Paul Auster, le « premier roman postmoderne ».
Billie Hawker, jeune peintre new-yorkais, est de retour pour les vacances dans la ferme de ses parents, dans le comté de Sullivan. Il y retrouve un camarade, Hollanden, écrivain cynique et moqueur, qui séjourne à l’auberge Hemlock Inn où sont aussi descendues des jeunes filles de la bonne société new-yorkaise. L’une d’elles, miss Fanhall, feint l’indifférence lorsque Billie, brusque et maladroit, lui montre des preuves d’intérêt. Et fait mine de s’enticher d’un nouveau venu, riche héritier et beau parti. Mais un soir, elle arrache une violette d’un petit bouquet qui garnissait sa robe et la tend à Billie, qui ne sait comment interpréter ce geste. De retour à New York, il retrouve la bohème qui dresse entre lui et miss Fanhall une barrière d’humiliation. Sans voir qu’il en dresse une autre devant Florinda, la jeune modèle dont les avances l’incommodent…
Cette suite d’esquisses rehaussées de touches vives est l’œuvre la plus autobiographique de Crane, inspirée de ses années de vache maigre à la Ligue des étudiants en art de New York. De même que La Conquête du courage (1895) offrait d’un épisode de la guerre de Sécession une lecture iconoclaste, La Troisième Violette (1897) subvertit les conventions du roman sentimental. Paul Auster, qui lui a consacré une monumentale biographie, soulignait l’« époustouflante anticipation du langage cinématographique » que constitue ce livre « dépouillé et énigmatique », où le lecteur est de plain-pied avec des personnages dont aucune hésitation, aucun trouble n’est rectifié par un auteur peu secourable. « Je suis surpris que plus d’un siècle après sa parution il ait reçu si peu d’attention, conclut Paul Auster. […] Non seulement La Troisième Violette est le premier script au monde, mais c’est aussi sans doute le premier roman postmoderne. »