Le Sacrifice ou le journal d'une folle

Une fausse autobiographie d’un instant de sa vie.
Voilà ce que Christelle vous offre dans un sursaut de sincérité.
Fausse, parce que, cela ne saurait être vrai. Cela ne doit pas être vrai.
Une fausse vérité, non pas criée, mais vomie. Un renvoi en total désaccord avec les codes sociaux et culturels qu’elle s’impose et qu’elle autorise les autres à lui imposer.
Inconvenant. Dérangeant. Violent.

Pure. C’est elle, et ce n’est rien. Elle qui n’est rien. Ce rien qui n’existe pas et pourtant ne peut pas ne plus être.

« De quoi voulez-vous que nous parlions en premier ? Viol, agression sexuelle, inceste ? Que des sujets d’actualité ! Dans l’air du temps. Mais, pour quoi faire ? Toutes ces connasses du mouvement « moi de même » en parlent bien mieux que moi.
On va voir la psychanalyste de mes couilles, « celle qui élève », une petite régression hypnotique de merde et, soudain, on se rappelle que Pierre, Paul, Jacques, Jacadi-a-dit, ou, parfois, même, les quatre à la fois, nous ont violés.
Elle porte bien son nom celle-là. Une bactérie qui diffuse sa pourriture partout. Bon sang ! mais, c’est bien sûr ! Grâce la Salmonellose, on va bientôt pouvoir réaliser que tous les hommes et toutes les femmes, cette terre, sont des violeurs, des violeuses.
Qui nous restera-t-il, nous protéger ? Ne sommes-nous pas assez méfiantes et méfiants, que vous cherchiez nous ostraciser davantage ? Faut-il que nous soyons parfaitement, irrémédiablement, seuls ? Bientôt, on n’aura plus que vous madame bactérie. Cela ne vous sera que plus rentable.
Les « moi de même » racontent histoires, toutes, plus extraordinaires les unes, les autres. Du coup, moi, avec mes violeurs, mes agresseurs sexuels, mes maltraitants, lambda, je fais pâle figure. J’eus droit pervers moins fins, moins artistiques, plus spontanés, plus passionnés, plus fougueux, plus enragés. Destructeurs. Sans demi-mesure. Et, je n’eus pas besoin qu’on les rappelât mon souvenir !  Même, j’eusse préféré oublier. »
« … Parce que, vous, vous parlez beaucoup, tandis que mes compagnons et compagnonnes de déchirures vaginales, de bouches souillées et de fissures annales, et moi, sommes, singulièrement, moins loquaces vous. Tellement plus pudiques. Raconter nous est un supplice. Et puis, surtout, nous n’aimons pas la lumière. »