Le Grand Oubli

Je lis rarement de la science-fiction et, lorsque c'est le cas, ce sont souvent des dystopies. En général, elles sont plutôt bien écrites et rarement un récit de ce genre m'a déçue. C'est encore le cas avec cette dernière (même si je reviendrai sur cette étiquette à la fin de ce billet). Quelle claque ! Non seulement l'histoire est bien ficelée mais elle est originale (ça devient compliqué, il faut bien l'avouer) et d'une écriture très agréable à lire. J'ai tourné les pages sans pouvoir m'arrêter (et il y en a plus de 500) !

On part ici sur un rituel, la bataille des 10 000, qui vise à réguler la population du continent. Rituel macabre, certes, mais qui vise à pallier l'épuisement des réserves. La montée des eaux n'aide pas non plus et fait peur. Un sacrifice est donc le bienvenu. Et lorsque Andoni, un adolescent charismatique, se porte volontaire pour y participer, c'est la stupeur !

On pourrait voir pas mal de références dans ce récit. La première me venant à l'idée est celle du sacrifice, dans la mythologie, du roi d'Athènes, Egée, qui faisait livrer tous les neuf ans, sept garçons et sept filles au Minautore. Mais c'est certainement ce qui me vient à l'esprit car c'est un sujet que j'ai traité récemment avec mes élèves.

Un grand bravo à Julien Mentaverri pour ce roman ! J'ai vraiment pris plaisir à le lire et nul doute que je le suivrai s'il écrit d'autres livres. Je suis partie dans l'idée, dès le départ, qu'il s'agissait d'une dystopie mais au final (très beau final par ailleurs), je dirais plutôt qu'il s'agit d'un superbe roman de science-fiction qui délivre un magnifique message dans ces dernières pages.

Merci à Netgalley et aux Éditions Librinova pour cette belle découverte.

5 nations, 5 couleurs : les rouges, les bleus, les jaunes, les roses et les marrons. Les 5 nations vivent en quasi harmonie, si ce n'est que les marrons sont un peu marginaux. Chacune des nations a ses spécialités : les rouges, sont les spécialistes de la pêche et de l'agriculture, les roses recyclent, les bleus gèrent les mines et les jaunes ont le bois et les marrons vivent en autarcie. Chaque nation a ses codes et procède avec les autres à des échanges commerciaux. Mais une fois tous les 10 ans, chaque nation tire au sort et envoie 10 000 de ses citoyens au combat. Sur les 50 000 participants à cette grande Bataille, seul un sur cinq revient vivant. Ces "jeux" ont pour objectif de régulariser le nombre d'habitants.
Andoni et sa mère, Frany, vont se porter volontaires pour aller à cette grande bataille. Ils ont un plan, rejoindre Jakes, le père d'Andoni, sur une terre où l'on pourrait vivre plus sereinement. Mais cette terre existe-t-elle ? Car les cinq nations ont perdu tout souvenir du monde d'avant. Il y a eu un Grand Oubli de tout ce qui existait....
J'aime beaucoup ce genre de dystopie et là je me suis régalée ! L'auteur mélange les aspects climatiques qui nous menace avec nos innés et nos acquis en tant que société...C'est très intéressant et très original comme proposition. C'est très bien écrit, mais très dense, du fait des différents personnages et nations. Il faut un petit effort de concentration par moment mais cela en vaut réellement la peine !