Valentine d’Arabie

Longtemps oubliée, Valentine de Saint-Point commence à sortir de l'anonymat.

Née en 1875 dans la famille de Lamartine, d'une beauté éblouissante, brillante, libre et d'un anticonformiste aussi affiché dans ses oeuvres littéraires que dans sa vie privée, elle devint vite l'égérie de l'avant-garde artistique et littéraire de la Belle Époque. Elle pose pour Mucha et pour Rodin, qui l'adule et illustre ses livres. Apollinaire et André Salmon commentent ses peintures. Éric Satie et Ravel mettent en musique ses vers.

Mais Valentine n'est pas qu'une belle mondaine. Seule femme journaliste à aller sur le front en France, la Grande Guerre amorce un tournant dans sa vie. Elle juge que matérialisme et violence menacent l'avenir de l’Occident. Après un voyage aux États-Unis, elle visite le Maroc et se convertit à l'islam et s'installe dès les années 1920 en Egypte.

Elle prend fait et cause pour le nationalisme égyptien et pourfend l'occupation française en Syrie. Elle plaide pour la création d'une Ligue arabe et d'une « force islamique » au sein de la SDN. Elle devient ainsi l'une des premières et rares voix occidentales à dénoncer la colonisation et à militer pour l'indépendance des pays arabes.

Elle mourra au Caire, dans la misère et l'anonymat. 

A noter : en janvier 1921 ce sera les 170 ans de la mort de René Guénon, qui a toute une communauté de fan et dont l'auteur raconte la proximité avec Valentine de Saint-Point qui l’a accompagné à la fin de sa vie.

Une belle figure de femme forte et indépendante, qui n’a pas été simplement une muse (pour Rodin, Mucha, Satie…) mais une artiste complète à part entière (roman, poésie, chorégraphie), puis une des premières figures occidentales à dénoncer la colonisation et ses méfaits.