Berlin Finale

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Date de parution 20 sept. 2018 | Archivage 31 oct. 2018
Belfond | Vintage

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Résumé

« Nous tenons entre nos mains un témoignage historique absolument unique. »

Fritz J. Raddatz, essayiste et journaliste

 

Publié en 1947 en Allemagne, vendu à plus de 100 000 exemplaires, Berlin finale est l’un des premiers best-sellers post-Seconde Guerre mondiale. Une œuvre passionnante, haletante, audacieuse, qui a su, alors que l’Europe se relevait à peine de la guerre, décrire dans toute sa complexité le rapport des Berlinois au nazisme.

Jusqu’alors inédit en France, un roman-reportage brillant qui nous raconte, à travers les destins d’une poignée de résistants, les derniers jours de Berlin avant sa chute. Un texte majeur, un Vintage événement.


« Berlin finale est une incroyable redécouverte, à la hauteur du roman de Hans Fallada Seul dans Berlin… Très peu de livres restituent d’une manière aussi cauchemardesque et intense l’enfer qu’a été la fin de la Seconde Guerre mondiale. »

Frankfurter Allgemeine Zeitung

« Nous tenons entre nos mains un témoignage historique absolument unique. »

Fritz J. Raddatz, essayiste et journaliste

 

Publié en 1947 en Allemagne, vendu à plus de 100 000 exemplaires, Berlin finale...


Formats disponibles

FORMAT Grand Format
ISBN 9782714471437
PRIX 23,00 € (EUR)

Chroniques partagées sur la page du titre

Ce roman a été écrit au sortir de la Seconde Guerre mondiale par un Berlinois né en 1906 et dont les écrits avaient été boycottés par les nazis. Installé dans la partie Est de Berlin donc contrôlé par les soviétiques, Heinz Rein a écrit en urgence cette histoire qui se déroule sur 15 jours à peine. Mais pas n’importe quels jours : ce sont les derniers jours de la bataille de Berlin quand la capitale a été attaquée à la fois par les armées de Joukov et de Koniev.

Le roman met en scène 6 personnages principaux pris au piège dans la capitale. Il y a un jeune soldat déserteur Lasshen qui, par miracle, est repéré par un propriétaire d’un café Klose qui va l’abriter et lui donner de faux papiers. Klose appartient à un groupuscule d’opposants qui aimeraient écourter la guerre. C’est ainsi que Lasshen fait connaissance avec un ancien syndicaliste, vivant dans la clandestinité Friedrich Wiegand, sa femme Lucie, un médecin –le Dr Böttcher- et un mécanicien communiste Schröter. Ce qui relie ces personnages c’est leur haine et leur dégoût du National-Socialisme et chacun aimerait agir. Mais dans cette ville bombardée nuit et jour, parmi cette population berlinoise écrasée par la propagande nazie, il est quasiment impossible de faire quoi que ce soit. Ils ne peuvent assister qu’à l’effondrement de la ville.

C’est un roman témoignage très long (880 pages !) mais c’est un roman que j’ai trouvé extraordinaire car il est écrit par un témoin qui vivait au cœur de cette dernière bataille. Les chapitres commencent tous par une longue description d’un quartier de la ville, à chaque fois, c’est le même décor apocalyptique qui est décrit et, parmi ces ruines, des Berlinois qui continuent de vivre en dépit des obus qui tombent, des avions qui passent et des derniers nazis obsédés qui circulent, arrêtent, pendent arbitrairement tout homme qui montrerait une quelconque faiblesse. De temps en temps, Heinz Rein reproduit des extraits de journaux nazis qui tiennent jusqu’au bout les mêmes discours effarants, prédisant à chaque ligne que l’ennemi va s’effondrer alors qu’il est déjà derrière la porte ! C’est donc un livre que je vous recommande vivement !

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Avril 1945: une ville qui agonise sous les bombardements.

Après la reddition allemande, Heinz Rein produit un docu-fiction glaçant et réaliste de l’effroyable vécu des berlinois au printemps 1945, coincés entre les deux fronts alliés, vivant comme des rats dans les décombres avec un stoïcisme apparent.
Le lecteur est immergé dans le quotidien de survie, la peur de l’anéantissement, le « jusqu’au boutisme » imposé, l’ébauche d’un esprit de résistance anti-nazi, et le fatalisme général.

Berlin Finale est un récit de l’intérieur apportant une image complète de l’évolution des mentalités de la société allemande depuis la fin de la Grande Guerre. Le parcours de personnages symboliques offre un décryptage psychologique d’un pays entraîné par consentement ambiguë dans l’horreur du national-socialisme. Ceci permet de comprendre comment tout un peuple s’est peu à peu soudé derrière son dirigeant, au point de demeurer autiste à la défaite jusqu’aux derniers jours, ou de faire «comme si» par crainte du terrorisme d’Etat.

C’est un témoignage très littéraire, presque théâtrale dans les dialogues. On imagine bien que certaines conversations n’ont pu avoir lieu dans l’état d’urgence du moment. L’ensemble privilégie la réflexion, l’analyse et l’introspection à la fiction narrative, permettant une approche avec plusieurs angles de vue. Les événements sont néanmoins décrits par le menu, que ce soient les déplacements ou les combats de rues. Avec des extraits de discours ou informations, c’est tout à fait remarquable historiquement.

Un regret de ne pas pouvoir s’appuyer sur une carte de l’ancien Berlin, qui aurait été bien utile pour suivre les précisions millimétrées des quartiers décrits.

Cet avis vous a-t-il été utile ?

Berlin finale est un roman de l'écrivain et journaliste allemand Heinz Rein, boycotté et persécuté par le régime nazi. Publié en Allemagne en 1947, ce livre n'a été publié en français que cette année par la maison d'édition Belfond.

A vrai dire, je ne m'explique pas pourquoi il a fallu attendre plus de soixante-dix ans pour proposer au lectorat francophone une traduction de ce roman hors normes. Sur la plateforme NetGalley grâce à laquelle j'ai pu lire ce livre en service de presse, le résumé proposé par l'éditeur m'avait tout de suite attiré :

" « Nous tenons entre nos mains un témoignage historique absolument unique. »
Fritz J. Raddatz, essayiste et journaliste

Publié en 1947 en Allemagne, vendu à plus de 100 000 exemplaires,
Berlin finale est l'un des premiers best-sellers post-Seconde Guerre mondiale. Une oeuvre passionnante, haletante, audacieuse, qui a su, alors que l'Europe se relevait à peine de la guerre, décrire dans toute sa complexité le rapport des Berlinois au nazisme.

Jusqu'alors inédit en France, un roman-reportage brillant qui nous raconte, à travers les destins d'une poignée de résistants, les derniers jours de Berlin avant sa chute. Un texte majeur, un Vintage événement. "

Heinz Rein nous plonge dans Berlin en avril-mai 1945, lorsque la ville est encerclée par l'armée russe et que le régime nazi ordonne à la population de se battre jusqu'au bout. Nous suivons plusieurs personnages engagés dans la résistance : un jeune soldat déserteur, un médecin social-démocrate, un syndicaliste pourchassé par la Gestapo, la femme de ce dernier, un ouvrier communiste, et un patron de bistrot qui accueille avec bienveillance ce petit groupe de résistants.

Ecrit juste après les événements qui y sont relatés, ce roman est un témoignage glaçant des dernières semaines du Troisième Reich et des combats dans Berlin. L'auteur montre parfaitement comment Hitler et ses sbires étaient prêts à sacrifier toute la population civile de Berlin plutôt qu'admettre la défaite face aux Alliés et en particulier face à l'ennemi soviétique. Il met également en évidence comment les nazis avaient réussi à mettre dans la tête de beaucoup de gens, soldats comme civils, que national-socialisme et Allemagne ne faisaient qu'un et que la chute du régime ne pouvait qu'entrainer la chute totale de la nation allemande.

Le texte d'Heinz Rein alterne des scènes d'action, avec leur lot de rebondissements, des descriptions glaçantes de la ville assiégée et détruite, et de longs dialogues.

Dans ces derniers, les personnages ont parfois tendance à parler comme dans un livre, se substituant ainsi à l'auteur pour lui permettre d'exprimer une opinion, une analyse, certes très souvent intéressante, mais qui ne cadre pas forcément avec les situations dans lesquelles sont plongées les personnages. Cela donne parfois un côté artificiel, faussement romanesque, mais les idées développées sont tellement fortes et intéressantes que cela ne réduit en rien la qualité de l'oeuvre. Dans sa post-face, Fritz J. Raddatz l'exprime bien mieux que moi :

" Dans les moments où Heinz Rein aimerait lui-même prendre la parole, en quelque sorte, où, dans les dialogues, il fait passer à travers la bouche des personnages de son livre ses positions politiques très honorables. D'un côté, c'est encore une fois un principe cinématographique ; car un film a besoin de dialogues, il ne peut fonctionner en se fondant uniquement sur des atmosphères, sur la contemplation extérieure de ses acteurs et actrices. Toutefois, Rein distend ce principe jusqu'à l'improbable. Il est vrai qu'il a réuni un ensemble de personnages intéressants avec son Dr Böttcher plutôt réservé, le pur Berlinois Klose, à la forte personnalité sympathique, le résistant Wiegand qui vit dans la clandestinité, et surtout le déserteur Lassehn qui, très hésitant au début, est toujours surpris de son propre courage. Mais ils parlent trop. Ils fatiguent souvent, sur plusieurs pages, avec des débats et des formes de dialogue laborieuses, avec leurs multiples exposés sur la nature du système nazi, les formes éventuelles de gouvernement après la guerre, sur des dilemmes moraux et sur la possible inutilité du travail de l'ombre : petits séminaires de sciences politiques au café de Klose. "

Parmi ces longues mais passionnantes réflexions de l'auteur à travers ses personnages, j'en ai surlignées de très nombreuses (sur mon Kindle, car je ne maltraite pas les livres papiers au stabilo). Je ne vais pas toutes vous les citer ici, mais je tiens tout de même à partager celles qui me semblent les plus représentatives ou les plus fortes :

Sur la génération élevée sous le Troisième Reich :

" C'est bien la première fois dans l'histoire de l'humanité que la jeunesse ne se sent pas supérieure à la vieillesse, qu'elle n'est pas fière d'être jeune. Quand vous avez dit à l'instant, monsieur Lassehn, que vous nous enviiez notre âge, votre formule n'était pas tout à fait pertinente, ce n'est pas tellement notre âge que vous convoitez, mais le savoir et les expériences que nous avons accumulés à une époque où le national-socialisme n'avait pas encore restreint la pensée à une formule élémentaire unique. Bien sûr, la plupart de ceux de votre génération n'ont pas encore pris conscience de cette idée, parce qu'elle est masquée par la guerre et les discours de Hitler et de Goebbels qui s'évertuent à être rassurants, mais un jour la guerre finira, Hitler et Goebbels ne seront plus là, et quand le grand silence s'abattra sur eux et que plus personne ne sera là pour approuver leurs actes, quand, de tous côtés, on leur fera des reproches, alors seulement ils comprendront que leur jeunesse a été honteusement trahie, que leur capacité d'enthousiasme a été scandaleusement maltraitée, que leur pensée a été induite en erreur. Un vide immense s'ouvrira devant eux, car, tandis que les générations précédentes peuvent encore trouver refuge dans des conceptions antérieures, le socialisme, le communisme, le libéralisme ou la démocratie, l'Église ou un système philosophique quelconque, la jeunesse se retrouvera tout à fait démunie spirituellement.

[…]

Dans les vingt à vingt-cinq ans. C'est la génération sur laquelle les nazis ont eu une influence totale. Mais nous devons vraiment compter dessus et nous en rapprocher à tout prix. — Et pourquoi ça ? demande Schröter. — Parce que, un jour, quand nous nous retirerons – et ce moment n'est pas très lointain, car nous ne sommes plus tout jeunes, tous autant que nous sommes –, ils seront amenés à gouverner, répond le Dr Böttcher avec gravité.

Ce serait absurde de toute manière de condamner toute une génération, de la radier de la vie de la nation, de l'exclure de l'organisation de son propre avenir. Quand cette guerre désastreuse sera finie, il n'y aura – en gros –que deux directions pour la jeunesse : une partie sera incorrigible et restera aussi national-socialiste qu'avant, elle imputera l'échec aux insuffisances techniques et militaires ; l'autre partie, sans doute plus importante, sera nihiliste, elle errera et vivra en nomade sur le plan politique et intellectuel parce que les fondements de l'existence que les jeunes ont vécue jusqu'ici, de leur foi et de leur, disons, idéologie, leur auront été brusquement arrachés. Il est évident que nous ne pouvons pas assister à ça sans rien faire et laisser la jeunesse livrée à elle-même, mais nous ne devons pas non plus… »

[…]

Car si on en est arrivés au point où la jeunesse allemande est tombée entre les mains des criminels bruns et ne s'est pas rendu compte de la démence de leur doctrine, ce n'est pas sa faute – si toutefois on peut vraiment parler de faute –mais celle de ceux qui ont laissé faire ça. "


Sur la « fusion » entre nation allemande et national-socialisme :

" Les nazis ont réussi, dit Lassehn, à identifier le national-socialisme à la nation allemande, à rendre tout à fait naturelle l'idée que la chute du national-socialisme devait forcément signifier la chute de l'Allemagne et du peuple allemand. J'ai connu plusieurs camarades qui expliquaient en toute franchise qu'ils n'avaient pas de sympathie pour le national-socialisme mais qu'ils se trouvaient dans une situation contraignante et devaient défendre l'Allemagne.

[…]

Ils mettent l'Allemagne à terre en toute conscience parce qu'ils ne savent plus quoi faire. N'ont-ils pas dit clairement que si le parti national-socialiste devait sombrer, ils entraîneraient tout le peuple allemand dans leur chute pour qu'il ne soit pas livré au bon vouloir sadique et à l'asservissement des bolchevistes et des ploutocraties occidentales ? "

Sur le patriotisme allemand :

" Vous savez, dit-il, quand j'entends le mot “Allemagne”, j'ai toujours des sueurs froides, à chaque fois j'entends dzimboum ratatam ratatam et des coups de canon noirs, blancs et rouges.

— Et moi j'entends des Lieder de Schubert et des poèmes d'Eichendorff, je vois la forêt de Thuringe et le lit de la Weser, réplique le Dr Böttcher. Mon cher Schröter, chez certains d'entre vous – et vous semblez faire partie de ceux-là –c'est la même chose que pour les Juifs. de la même façon qu'ils flairent l'antisémitisme dès que quelqu'un ne fait même que prononcer le mot “Juif”, vous entendez toujours nationalisme dès qu'arrive le mot “Allemagne”. "

Sur la culpabilité du peuple allemand :

" Ce n'est pas bien de désigner un seul côté comme coupable, dit le Dr Böttcher. Si nous voulons vraiment aborder la question de la culpabilité, alors je peux vous dire tout de suite mon avis : tout le peuple allemand – à l'exception du petit noyau des combattants clandestins –est coupable, par négligence, par ignorance, par lâcheté, par cette nonchalance typiquement allemande, mais aussi par arrogance, méchanceté, cupidité et besoin de domination. "

Sur la nation allemande et l'humanité :

" En tant qu'Allemands, nous devons gagner cette guerre, avec toutefois cette petite réserve : en tant qu'hommes, nous en avons un peu peur.

— C'est une opinion largement répandue, dit le Dr Böttcher, mais il est facile de la réfuter. Comment peut-il y avoir une divergence entre “allemand” et “humain” ? Il y a quelque chose qui ne va pas, mon ami. Si “allemand” ne veut pas dire “humain”, si je dois dissocier de mon humanité mon identité allemande, alors je ne veux plus être allemand. Or ce qui est allemand a toujours été humain, Dürer, Beethoven, Kant, Goethe, Leibniz sont allemands et universels dans leurs oeuvres, il n'y a pas de différence entre leur origine ethnique et leur culture cosmopolite. Croyez-vous que Beethoven, s'il vivait aujourd'hui, aurait écrit dans le dernier mouvement de sa Neuvième : “Embrassez-vous, millions de sang allemand” ? Non, ce baiser était adressé au monde entier. Et ça ne devrait plus exister aujourd'hui ? "

Au-delà de ces tirades que j'ai trouvées très fortes, il y a un récit rythmé avec des personnages attachants, et surtout la description d'une ville assiégée qui attend la fin de la guerre dans une souffrance intolérable et incompréhensible. J'ai mis une dizaine de jours à le lire, c'est un pavé très riche (plus de 800 pages en version papier), mais ce roman est véritablement un témoignage passionnant et saisissant.

Toujours dans sa post-face, Fritz J. Raddatz résume parfaitement ce livre :

" Un film. Ce livre est un film tourné sur papier. Il a le rythme qu'affectionnent les réalisateurs de documentaires, le montage sec d'un thriller politique, le décor admirablement soigné des grands axes de circulation, des minuscules rues adjacentes, des « passages » quasi inextirpables d'une ville aux millions d'habitants, et cette direction des dialogues qui tantôt sont vifs comme des échanges de ping-pong, tantôt s'étendent largement, dont un roman n'a pas nécessairement besoin, mais dont le cinéma ne peut se passer. Et il a lui aussi un thème musical, dont le compositeur est Heinz Rein : sa haine des nazis, sa rage envers leur crime, appelé la guerre, son effroi devant ce qui a été infligé aux hommes dans l'Allemagne de Hitler, son horreur, doublée de supplication, face à l'assassinat de la ville nommée Berlin, perpétré par des fous – eux-mêmes lâches –méprisant l'humanité, dans un combat final absurde qui n'épargna ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards, ni les estropiés, pas plus que les jeunes aveuglés : Berlin finale."

En conclusion, je ne peux m'empêcher de citer celle de Fritz J. Raddatz, encore et toujours dans post-face :

" Nous devons nous rappeler. Et il faut rappeler ce purgatoire à ceux qui vivent aujourd'hui dans l'aisance, de manière si insoucieuse et agréable. Berlin finale est un livre noir de la honte. "

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Il est difficile de chroniquer simplement cet imposant roman de près de 900 pages, de la même manière qu'il est complexe de le classer dans telle ou telle catégorie: documentaire sur les derniers jours de Berlin en guerre? Roman d'initiation politique et de prise de conscience? Traité de philosophie idéologique et humaine? Catharsis du passé nazi tel qu'il a été choisi, imposé ou subi au peuple allemand?

Un peu de tout ça et finalement bien plus.

Pour le comprendre, il est nécessaire de revenir à l'origine même de ce livre qui paraît en France pour la première fois, dans le catalogue de la maison Belfond.

Mais le livre a été édité pour la première fois en 1947 et composé un an après, donc encore à chaud par rapport à la fin du nazisme. Le nazisme, Heinz Rein l'a bien connu, malheureusement. Il a été victime de son emprise, lorsque ses écrits lui valent des travaux forcés et l'interdiction de ses écrits. Son engagement politique -tel qu'il est encore en 1947, est nettement sensible dans le livre. Une partie des personnages de l'histoire (difficile de parler de héros face à ces hommes et ces femmes "normaux" qui suivent juste leur conscience) est pétrie de socialisme. Mais à plusieurs reprises, lors d'oppositions d'idées, tel ou tel personnage précise bien qu'il n'est pas nécessaire d'être socialiste pour être, ce qui importe le plus dans le contexte du roman, opposé à Hitler et aux mensonges du nazisme.

Le contexte de l'histoire, presque contemporain de sa mise à l'écrit, est clairement marqué dans le temps et dans l'espace: Berlin, avril 1945. Il se joue un huis-clos dans cette ville qui se meurt peu à peu, gangrénée par le les bombardements puis les combats de ville.

Et quand, à un moment de la narration, le héros Joachim Lahssen quitte la ville moribonde pour la proche banlieue, son périple a des allures d'expédition sans retour assuré. Mais n'en est-il pas même des déplacements aussi anodins que le ravitaillement en eau aux puits, entre deux bombardements?

Certains aspects du roman m'ont passionnée, même s'ils sont aussi, paradoxalement, ceux qui ont le plus ralenti ma lecture. Ce livre est une mine documentaire pour tout passionné d'histoire!

On y trouve des descriptions d'une minutie impressionnante, quant aux lieux, aux événements. Des pages entières de discours officiels, de journaux de l'époque, de tracts de résistance, sont reproduits dans le livre qui évoque aussi longuement la culture d'Etat, les films autorisés, les musiques à la mode et plusieurs références presque insaisissables pour le lecteur du XXI° siècle sans le travail exhaustif de notes de fin de chapitre.

Il y a aussi, par moments, de longues digressions qui permettent d'appréhender la mentalité des Allemands et des Allemandes de 1945. Une certaine libération des moeurs pour celles qui veulent profiter de leur vie avant que, peut-être, une nouvelle attaque aérienne ne fauche leur vie.

Ces attaques rythment la vie et le récit des personnages, jusqu'au moment où elles deviennent si continues qu'il n'y a plus guère de raison de quitter les abris antiaériens, à part de partir en quête de ravitaillement ou de nouvelles. Le livre dépeint une organisation et un encadrement politique jusque dans les abris, lieu de surveillance au même titre que le reste de la vie allemande.

Mais pour en revenir aux mentalités, là encore, l'auteur trace des portraits complets et passionnants: le militaire déserteur par manque de conviction dans l'idéologie qui l'a bercé, l'autre par peur; le leader syndicaliste d'avant-guerre, un pied dans la clandestinité, mais encore lié à sa femme qui vit une existence -normale-, mais si fragilisée. Le socialiste convaincu, le nazi qui l'est tout autant, l'opportuniste, l'indifférent, le "prêt à tout" en paroles qui perd tout courage face aux actes, tout y passe.

Il y a surtout un jusqu'au boutisme absurde. Alors que tout s'effondre, que malgré le langage faussé de la propagande, la défaite ne fait plus de doute, les SS et les nazis convaincus persistent dans leur oeuvre de mort. Pire, ils l'intensifient. Ce fait est historiquement connu, reconnu. Le voir ainsi appliqué concrètement est glaçant d'horreur. Cet aspect montre la force de l'endoctrinement, la même que l'on retrouve lorsque certains des personnages, convaincus de leurs erreurs que l'embrigadement leur a fait subir, reconnaissent la difficulté à quitter totalement l'idéologie qui a bercé et forgé une génération entière.

Elle montre l'emprise extrême du parti sur le peuple. Même s'il sent confusément les mensonges, les failles, les échecs, celui-ci peine souvent à prendre les mesures propres à sa survie, autant conditionnés par la propagande que terrorisés par les représailles, jusqu'au bout, des SS, responsables de section et autres chefs d'abris antiaériens.

Pour autant, le livre est sans concession, à la fois avec les "petites mains" qui appliquent aveuglément une politique aussi absurde que meurtrière, mais aussi avec les aigles dorés et tous ceux que leur position rend conscients de l'inéluctable défaite et soudain frappés d'inexplicables épidémies, de déplacements impératifs, loin de la ville qui se meurt.

Mais comment savoir à qui se fier quand chacun peut être un traître ou un agent provocateur? Quand la trahison profonde peut venir de sa propre famille? Dans ces mêmes temps, des amitiés instinctives, des relations presque paternalistes donnent une vision d'espoir dans une humanité qui se désagrège au rythme des chants militaires.

La trame narrative au sens strict paraît presque anecdotique au regard de tout le reste, le témoignage historique, l'étude sociologique. Il m'a d'ailleurs été presque impossible de m'attacher vraiment à un personnage. Le roman ne s'y prête pas et sans doute est-ce volontaire dans un monde où le groupe compte plus que l'individu, où chacun peut disparaître en un instant.

Au final, je garde sur ce livre une vision mitigée, non par sa qualité mais par mon aisance à en avancer la lecture. Elle est sans doute causée par mon erreur d'appréciation initiale. Je guettais un roman là où j'aurais dû attendre un témoignage. Un témoignage passionnant par sa richesse, glaçant par l'ampleur du désastre, incroyablement enrichissant pour tout historien. C'est d'ailleurs cette catégorie de lecteurs qui, certainement, trouvera le plus son bonheur dans ce Berlin Finale.

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Quelle fabuleuse idée que d’avoir traduit et publié ce best-seller de Heinz Rein.
Berlin Finale raconte la fin de la seconde guerre mondiale et la destruction de Berlin.

Nous suivons le jeune Joachim Lassehn, déserteur qui rejoint très vite un groupe de résistants composé notamment de Friedrich Wiegand, d'Oskar Klose et du Dr Walter Böttcher.

Ce livre est tellement sublime que j’ai eu envie de surligner quasiment toutes les pages !

Une histoire puissante, magnifique qui retrace avec précision les derniers jours du Reich et l’arrivée des troupes russes, au cœur de Berlin. La confrontation est rude, en paroles comme en actes, entre ceux qui soutiennent encore le régime hitlérien et ceux qui agissent pour aider à la fin de la guerre. Berlin est au centre du roman, une ville ravagée et suppliciée avec des habitants constamment en danger.

Il en a fallu de l’audace pour sortir ce livre quelques temps après la fin de la guerre, dénoncé, décrire toute la complexité des rapports des allemands avec le nazisme, montrer aussi la souffrance d’un peuple vaincu.

Ce témoignage historique, véritable roman-documentaire est un incontournable de la littérature, un récit unique qui mérite d’être lu.

Il fait écho en moi à la lecture que j’ai faite en mars de Seul dans Berlin, roman fort et poignant. Des romans qui mettent en valeur des personnages héroïques par volonté ou par hasard, qui témoignent avec force d’une page d’histoire qui a bouleversé le monde.

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Un très grand roman sur la Seconde Guerre Mondiale et l'après-guerre. C'est bouleversant! J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire mais par la suite il m'était difficile de lâcher ce livre!

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