Griffe en Silence

En grande fan de chats, le titre et la couverture m’ont tout de suite attirée et le résumé m’a convaincue de me lancer dans cette lecture que j’ai savourée de la première à la dernière page. J’ai, en effet, tout de suite été charmée par l’écriture poétique et tout en finesse de l’auteur qui manie les mots comme un chef d’orchestre sa baguette. Une comparaison qui n’est pas due au hasard, la musique revêtant une certaine importance dans ce roman campé par une héroïne émouvante, fragile et forte à la fois ! Le genre de personnage que l’on sent construit avec soin, dans un réel désir d’authenticité et de profondeur.

Emma, une félichatte muette très douée pour tailler les pierres, m’a beaucoup émue, peut-être parce que je me suis reconnue dans sa timidité, sa volonté de ne pas gêner, sa manière de se sentir en décalage avec les autres… Un sentiment de décalage qui, dans son cas, est dû à la manière dont on l’isole en raison de sa particularité. Même ses parents qui l’aiment pourtant sincèrement, et qui sont prêts à tout pour la protéger, ne tentent jamais vraiment de savoir ce qu’elle pense ou ce qu’elle désire. Tant qu’elle fait son travail avec l’habilité qu’on lui connaît et qu’elle assiste à des conversations auxquelles elle ne peut pas prendre activement part, ils semblent ravis d’elle et considèrent que tout va pour le mieux.

Une négligence, s’apparentant à une forme involontaire de maltraitance, qui va s’accentuer avec les velléités politiques du père d’Emma, l’obligeant à jouer encore et encore le rôle de la gentille et soumise félichatte. Mais soumise et gentille, Emma en a assez de l’être, a fortiori après l’expérience traumatisante qu’elle va vivre et qui va la confronter à la violence dans toute sa cruauté, sa lâcheté et sa laideur. Une expérience lui permettant néanmoins de rencontrer des musiciens qui vont lui ouvrir, sans même le savoir, la porte sur une quête qu’elle va faire sienne, et un autre monde où souffle un vent de liberté et s’élèvent de puissantes notes de musique…

Dès ce moment, on sent la révolte gronder en Emma qui va, petit à petit, se libérer de ses chaînes pour sortir les griffes et prouver que silence ne signifie pas impuissance. J’ai aimé la suivre dans ses péripéties, la jeune félichatte faisant preuve d’une surprenante audace, elle qui est restée si longtemps enfermée dans une prison intérieure, dont elle semble dorénavant déterminée à s’échapper. Et tant pis, si cela la place dans des situations dangereuses qui la feront sortir de sa zone de confort ! Des situations qui nous prouveront toutes les qualités de cette héroïne qui ne manque ni d’agilité ni d’intelligence, et encore moins de courage et de détermination. Il lui manquait un but pour avancer dans la vie et maintenant qu’elle l’a trouvé, rien ne semble pouvoir l’arrêter si ce n’est un certain personnage dont l’hypocrisie, la jalousie et la méchanceté gratuite font froid dans le dos.

J’ai tremblé pour la vie d’Emma, je me suis révoltée contre son sort, j’ai espéré... En bref, cette lecture m’a habitée. Il faut dire que l’écriture est d’une grande justesse, la tension finement dosée, le texte rythmé comme s’il suivait une mélodie implacable au tempo enlevé, l’univers, bien que juste ébauché, immersif avec cette impression qu’il est proche et différent du nôtre en même temps. Mais le plus bel atout de ce roman, ce sont indéniablement ses personnages. Ainsi, au-delà d’Emma à la construction irréprochable et à l’évolution remarquable, d’autres personnages donnent corps à ce récit : certains détestables, se délectant des apparences pour imposer leur propre suffisance et violence, d’autres difficiles à cerner qu’ils soient peu amènes ou, à l’inverse, aimables et accueillants.

Je pense à une bande hétéroclite de musiciens dont chaque membre possède une personnalité marquée, que l’on a très envie d’apprendre à mieux cerner. En effet, à l’issue de ce premier tome, on acquiert la certitude que ces musiciens ont encore beaucoup à nous apprendre que ce soit sur l’histoire personnelle de chacun, ou la manière dont ils en sont venus à former un groupe uni et parfaitement complémentaire. Un groupe en quête d’une chimère à moins que ce ne soit du plus bel objectif qui puisse exister quand on est musicien… Question de perspective et de foi en l’avenir, je suppose, car la route semble encore longue et le chemin parsemé d’embûches, ce qui promet encore de belles aventures.

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Cela tombe bien puisque je lirai avec plaisir la suite de cette série qui, à travers des animaux personnifiés avec brio, parle de notre propre (in)humanité ! Derrière la vie d’Emma et ses mésaventures, l’auteur aborde des thématiques importantes et soulève des réflexions pleines de pertinence sur la différence et son rejet, la politique et les faux-semblants, la jalousie, la famille, l’amitié, la quête de sens, l’importance des rêves et de les suivre malgré l’adversité… Il est également question d’acceptation de soi, de résilience, et de la manière dont une félichatte finit par trouver sa place et une famille de coeur qui l’accepte pour ce qu’elle est et non en dépit de ce qu’elle est. Une acceptation pleine et entière, condition sine qua non de son futur épanouissement.

Tendre et émouvant, voici un roman d’une grande poésie et d’une belle délicatesse, qui nous narre l’émancipation d’une félichatte muette qui a décidé qu’elle aussi avait le droit d’exister pour et par elle-même. L’une de mes meilleures lectures de l’année, Arnaud A.L. Pirodon jouant avec nos émotions sans jamais les dénaturer et insufflant à chaque page un bel élan de vie, qui ne pourra que vous donner envie d’avancer quels que soient les défis et les épreuves à surmonter. Griffe en Silence ou la puissance de la musique sublimée par une écriture sensible à l’image d’une héroïne à fleur de peau et incroyablement attachante. Félinement réussi !

Système de catégories sociales, personnages félins, cristaux magiques, autant de motifs connus mais joliment réinterprétés dans ce texte auto-publié qui constitue une jolie surprise. Le parcours d'Emma, est à la fois digne de ceux des héros de l'enfance, tout en étant d'une réelle profondeur, doublée d'une belle parabole sur la différence. En effet, l'héroïne fait preuve de courage face à son destin, mais aussi d'une grande introspection, parfois difficile à lire tant elle à dure avec elle-même, mais d'une très grande justesse. Un début de série prometteur.

J’ai tout simplement adoré ce premier tome. Amoureuse des chats autant que de la musique, je ne pouvais pas passer à côté de ce merveilleux roman.

La couverture elle-même est une merveille de poésie et de profondeur. Et que dire du contenu, qui dépasse largement ce que j’en attendais. En effet, d’un conte léger en apparence, nous entrons dans un monde tout en violence et en faux semblant.

Car, dans cette ville qui se veut en avance sur son temps du point de vue technologique, les mentalités n’ont pas du tout la même évolution. Au fur et à mesure de l’avancée du récit, on découvre l’intolérance, la manipulation et le mensonge.

Le personnage d’Emma est totalement attachant. Elle est si douce, si ingénue et si tendre, que l’on ne peut que la suivre avec un pincement au coeur. Avec son mutisme, nous sommes beaucoup dans son introspection et nous assistons à son éveil au monde qui l’entoure et à sa révolte. Elle me fait penser à une fleur délicate qui accepte de se durcir pour se faire sa propre place au soleil.

Et bien sûr, il y a la musique, cette musique qui permet de transcender les émotions. Car c’est ainsi que notre adorable protagoniste pourra s’exprimer en dehors de la parole.

Le fait qu’il s’agisse d’animaux donne une dimension de merveilleux à ce joli conte. C’est pour moi une très belle réussite