Chroniques des lecteurs

Couverture : Mort sur le Transsibérien

Mort sur le Transsibérien

Date de parution :

Chronique par

Caroline l, Rédacteur

« Ce réseau ferré est le plus long du monde – le Transsibérien traverse sept fuseaux horaires et couvre un douzième de la surface de la Terre. »

Olga Pouchkine est employée des Chemins de fer russes, mais ce n'est que temporaire. Voilà plusieurs années qu'elle économise en vue de s'inscrire à la faculté de Tomsk pour devenir écrivaine. Un matin, son supérieur l'envoie réparer le moteur d'un aiguillage bloqué par le froid. Suivant les conseils paternels, elle arrange le problème en deux temps trois mouvements, et s'en retourne, satisfaite, dans sa cabane de garde-barrière. Mais, lors du passage du Transsibérien, elle est percutée de plein fouet par un cadavre tombé du train. Un évènement peu banal, dans cette partie désertée de Sibérie occidentale, qui va donner du grain à moudre aux habitués du café Astana et du fil à retordre à Vassily Marouchkine, le policier nouvellement muté à Roslazny.

J'ai eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire, non parce qu'elle manque d'intérêt, bien au contraire, mais plutôt car je ne suis absolument pas coutumière de la politique russe, de leur culture ou de leurs habitudes de vie. Les termes non traduits sont toutefois expliqués en notes de bas de page, ce qui est plus confortable qu'en fin d'ouvrage.
Ce premier tome comporte beaucoup d'informations et aborde des thèmes essentiels, au détriment de l'enquête policière, finalement assez secondaire. Cela dit, l'attachante Olga Pouchkine et son entourage ont su attiser ma curiosité, et c'est pour eux que j'ai eu envie de continuer cette histoire.

« — Roslazny ? dit Vassily Marouchkine. Attendez voir… Ce ne serait pas ce village paumé près de la voie ferrée, à quelques kilomètres de Taïga ? »

L'ambiance froide et déserte de ces contrées est bien rendue et j'ai imaginé sans peine les lieux. Bien que l'intrigue se déroule de nos jours, j'ai eu l'impression de me trouver dans un passé figé par le temps. Les mentions régulières à la fermeture du Sovkhoze, quelques années auparavant, ont renforcé ce sentiment. Le village semble isolé, les routes et les bâtiments ne sont plus entretenus ou sont abandonnés, et la population y est vieillissante. Ajouter à cela une légende populaire bien connue et vous obtenez une atmosphère mystérieuse, idéale pour une enquête policière.

J'ai beaucoup aimé découvrir les différents protagonistes ainsi que les habitants du village. L’auteur s’attache à nous les présenter avec précision, dévoilant aussi bien leurs particularités physiques que leurs traits de caractère.
Olga Pouchkine apparaît comme une jeune femme bienveillante et généreuse, prête à aider les autres en toutes circonstances. D'après son amie Anna, « C’est une sainte, ou alors un ange descendu du ciel. » Il est plaisant néanmoins de la voir évoluer au fil du récit, et acquérir de l'assurance. Intelligente, elle est pleine de ressources, comme elle saura le prouver à maintes reprises.

« Ils semblaient tous penser que les femmes étaient des êtres humains de seconde catégorie. »

A travers l'histoire d'Olga et d'Anna, nous avons un aperçu peu flatteur de la condition féminine dans ces régions. Peu respectées par les hommes, travailleuses acharnées, elles se débattent comme des lionnes pour gérer leur quotidien, par opposition aux figures du père et du mari, fainéants et buveurs invétérés.

Vassily Marouchkine, quant à lui, consacre son existence à la recherche de sa femme et de son fils, enlevés il y a dix ans. Lorsqu'il est muté à Roslazny, c'est pour lui un coup fatal, une entrave à son but. Sa personnalité honnête et intègre est contrebalancée par la sournoiserie du chef de la police, Grigor Babikov, en course pour devenir le prochain maire de Kemorovo.

« La poésie est un trésor inestimable, Pasha – c’est tout ce qui est beau, libre et insaisissable dans l’existence. »

Pour autant, le récit n'est pas noir, et l'intrigue tient plus du mystère que du thriller. Dans cette représentation peu idéale de la Russie actuelle, Olga est cependant porteuse d'espoir. Elle est lumineuse et courageuse et j'ai bien envie de continuer à suivre ses aventures.

Un premier tome divertissant et original, porté par des personnages attachants, qui mérite d'être découvert.

Caroline - Le murmure des âmes livres

Commandez ou achetez ce livre dans votre point de vente préféré !