Le Temps des cerises

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Date de parution 15 mai 2024 | Archivage Aucune
La croisée | Littérature étrangère

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Résumé

Printemps 1974. Après douze ans à Paris et à Londres, Natàlia Miralpeix revient dans sa ville natale de Barcelone. On lui dit que rien n’a changé, mais tout a changé : la révolution sexuelle, politique et artistique bouillonne. Franco est au pouvoir, mais plus pour longtemps. La jeune génération va renverser les autres. Natàlia découvre comment le temps, la guerre et la politique ont abîmé ses proches. Son père, lui, demeure introuvable.

Le Temps des cerises est la saga époustouflante d’une famille catalane en perte de repères, racontée dans un style féroce qui défie les conventions. La ville de Barcelone y est un personnage tour à tour chaleureux et inquiétant, et les femmes portent en elles les germes d’un féminisme à venir, d’une vie enfin à soi.

Printemps 1974. Après douze ans à Paris et à Londres, Natàlia Miralpeix revient dans sa ville natale de Barcelone. On lui dit que rien n’a changé, mais tout a changé : la révolution sexuelle...


Formats disponibles

FORMAT Grand Format
ISBN 9782413085089
PRIX 20,00 € (EUR)
PAGES 240

Disponible sur NetGalley

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Chroniques partagées sur la page du titre

Je ne suis pas spécialement amatrice de littérature espagnole, catalane ou castillane, en revanche, je suis les publications de La Croisée avec attention : j'ai lu ce roman en me fiant totalement au choix de l'Éditeur de le mettre en avant. Montserrat Roig était castillane, elle est morte de maladie, il y a plus de trente ans de cela, et son oeil très féministe n'a pas manqué d'être mis en valeur par le résumé, et la très expressive couverture du roman. J'ai été plongée dans une histoire que je ne maîtrise pas du tout, celle de l'Espagne franquiste, ce fut une leçon aussi d'éducation personnelle, l'histoire des femmes me parle davantage et celle de Natàlia Miralpeix démontre à quel point la condition féminine est passée à l'as de la société espagnole entre la personnalité d'un Francisco Franco qui exigeait obéissance et loyauté absolus et la religion catholique qui s'est retrouvée presque omnipotente à travers l'orientation national-catholique du dictateur espagnol.

Natàlia Miralpeix rentre chez elle, à Barcelone, après plus de douze années passées à Londres : elle va loger chez sa tante paternelle Patricia Miralpeix , sa mère, Judit, étant morte, elle a coupé les ponts avec son père. Ce retour va réveiller en elle tous ses souvenirs, et en premier lieu les raisons de son départ pour l'Angleterre, alors qu'elle tentera de renouer avec son frère puis avec son père, qui a disparu de la circulation. Ce n'est pas dans la trame de l'histoire, le retour de la fille prodigue, dans lequel réside l'intérêt de ce titre, mais dans le contexte, la complexité des personnages et spécialement des femmes, l'écriture de l'autrice qui donne tout son sel à l'histoire, son caractère unique à cette lignée de Miralpeix et ce retour aux sources. Si ce roman met en son cœur différentes figures féminines, aussi diverses que variées, c'est d'abord pour montrer les limites oppressives qui les ont contraintes, chaque jour - ce roman se passe en -, à rester dans un rôle plutôt limité, l'épouse, la vieille fille, la bonne, la fille de joie. En premier lieu, Natacha, qui avant son départ s'est refusée à se plier à ses contraintes mises en place par une société très masculine. Qui lui a coûté sa place en Catalogne, qui a choisi de vivre une liberté que les capitales française puis anglaise surent lui accorder. Et Patricia qui s'est transformée en douze ans de la femme tristoune et soumise qu'elle était à son poète de mari en veuve qui assume et met en valeur sa féminité. Et celles, qui indirectement, du côté des artistes, endossent très indirectement le rôle de mentor, Harmonia Carreras, l'artiste-peintre au fort caractère.

Barcelone, et sa beauté unique, sa chaleur exubérante, ses après-midis étouffants, ses douces soirées, abrite les divagations des familles Miralpeix et Fléchier, la ville, apparaît toujours entre deux lignes, par la grandeur de son art et de ses façades, de l'inévitable Rambla, et par ses ruelles plus sombres, mais qui possède leur propre charme. Et bien sûr, les épisodes historiques, les insurrections, les répressions, qui se cachent dans chaque coin de la ville. Chaque scène renferme ce clair-obscur que ses venelles renferment jalousement entre les façades adjacentes, dans l'appartement de Patricia, d'où Natàlia perçoit toutes les effluves de nostalgie qui reviennent du passé.

Cette volonté d'émancipation, celle de Natàlia principalement, mais aussi celle de la bonne Encarna, qui en s'affranchissant de la famille Miralpeix s'engage tardivement dans un mariage. Mais n'est-ce pas là une manifestation de l'exercice de son libre arbitre ? - s'observe également à travers la forme narrative très libre, affranchie des normes grammaticales et syntaxiques habituelles, le flux narratif n'est pas interrompu par des fins de phrase, des sauts à la ligne non essentiels, il suit le cours de l'action, du dialogue, sans interruption superflue. Discours indirect et discours direct mélangé, les frontières et repères sont abolies, ceux du temps présent et passé, comme s'il n'était finalement qu'une même mélasse, mais quand Natalia observe sa belle-sœur Silvia et son mode de vie - personnage féminin à contre-courant du féminisme ambiant - elle comprend que pour beaucoup les choses n'ont guère changé depuis son départ, douze ans plus tôt.

Natàlia est revenue, mais de quelle façon revient-on d'un exil poussé par l'urgence de fuir. Dans un de leur échange épistolaire rapporté, Harmonia Carreras a exactement les mots pour décrire cette sensation de revenir dans un pays qui a changé : " cette sorte d'exil intérieur dans lequel nous sommes forcés de vivre". C'est exactement l'effet du récit de Montserrat Roig que m'a fait, la description de l'exil intérieur de Natàlia, qui n'arrive plus à se recoller avec sa ville natale, devenue étrangère à ses yeux. Car Natàlia est revenue en tant que fille et sœur de, comme la fille qui a dû pratiquer un avortement clandestin, et raison pour laquelle son propre père voulait dénoncer à la police - lui-même, l'architecte responsable d'un accident mortel dans un hôtel. Elle est revenue, aux yeux du commun des mortels, comme la fille indigne qui n'a pas assister à l'enterrement de sa mère, qui a coupé les liens avec son père. Mais sûrement pas comme une photographe aguerrie, métier qu'elle exerce parfaitement bien à Londres.  Natalia peine donc à se retrouver dans une temporalité et dans un lieu qui ne sont plus vraiment les siens.

Malgré les années qui ont passé depuis sa parution, c'est un roman qui reste très moderne, même si depuis 1977, Barcelone a connu toutes les modernisations des villes importantes, et sa Sagrada Familia à la construction sans fin. On ne sait pas trop comment interpréter ce dénouement, peut-être s'arrêter sur l'ultime constat de Natàlia avec un passé résolument disparu, une conclusion - difficile et brutale - qui pousserait Natàlia de faire table rase du passé. Celui du franquisme et de ses crimes - on y apprend que là-bas les condamnations à mort se faisaient par strangulation (je pensais avoir tout entendu avec les Etats-Unis !) - de cette opposition de gauche, et de l'anarchisme, de toute une jeunesse qui se cherchait des idéaux hors du conservatisme et rigorisme franquistes, hors de l'église, hors des mains de l'état. La publication de ce titre a eu lieu en 1977 à la toute fin du régime de Franco, lors de la transition démocratique, ce n'est peut-être pas un hasard, comme une manifestation à une démocratie bientôt trouvée.

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